Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, VI.djvu/42

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

voyant qu’encore que leurs obiets ſoient differens, elles ne laiſſent pas de s’accorder toutes, en ce qu’elles n’y conſiderent autre choſe que les diuers rappors ou proportions qui s’y trouuent, ie penſay qu’il valoit mieux que i’examinaſſe ſeulement ces proportions en general, & ſans les ſuppoſer que dans les ſuiets qui ſeruiroient a m’en rendre la connoiſſance plus ayſée ; meſme auſſy ſans les y aſtreindre aucunement, affin de les pouuoir d’autant mieux appliquer aprés a tous les autres auſquels elles conuiendroient. Puis, ayant pris garde que, pour les connoiſtre, i’aurois quelquefois beſoin de les conſiderer chaſcune en particulier, & quelquefois ſeulement de les retenir, ou de les comprendre pluſieurs enſemble, ie penſay que, pour les conſiderer mieux en particulier, ie les deuois ſuppoſer en des lignes, a cauſe que ie ne trouuois rien de plus ſimple, ny que ie pûſſe plus diſtinctement repreſenter a mon imagination & a mes ſens ; mais que, pour les retenir, ou les comprendre pluſieurs enſemble, il falloit que ie les expliquaſſe par quelques chiffres, les plus courts qu’il ſeroit poſſible ; et que, par ce moyen, i’emprunterois tout le meilleur de l’Analyſe Geometrique & de l’Algebre, & corrigerois tous les defaus de l’vne par l’autre.

Comme, en effect, i’oſe dire que l’exacte obſeruation de ce peu de preceptes que i’auois choiſis, me donna telle facilité a demeſler toutes les queſtions auſquelles ces deux ſciences s’eſtendent, qu’en deux ou trois mois que i’employay a les examiner, ayant commencé par les plus ſimples & plus generales, & chaſque verité que ie trouuois eſtant vne reigle qui me