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236 Œuvres de Descartes. 161-162. le froid & le chaud, il n’eft point befoin de conceuoir autre chofe, finon que les petites parties des cors que nous touchons, eftant agitées plus ou moins fort que de couftume, foit par les petites parties de cete ma- tière fubtile, foit par telle autre caufe que ce puiffe * eftre, agitent aufly plus ou moins les petits filets de ceux de nos nerfs qui | font les organes de l’attou- chement; & que, lorfqu’elles les agitent plus fort que de couftume, cela caufe en nous le fentiment de la chaleur ; au lieu que, lorfqu’elles les agitent moins «o fort, cela caufe le fentiment de la froideur. Et il eft bien ayfé a comprendre, qu’encore que cete matière fubtile ne fepare pas les parties des cors durs, qui font comme des branches entrelacées, en mefme façon quelle fait celles de l’eau & de tous les autres cors <* qui font liquides, elle ne laiffe pas de les agiter & faire trembler plus ou moins, félon que fon mouue- ment eft plus ou moins fort, & que fes parties font plus ou moins grottes : ainfi que le vent peut agiter toutes les branches des arbriffeaus dont vne paliffade so eft compofée, fans les ofter pour cela de leurs places. Au refte, il faut penfer qu’il y a telle proportion entre la force de cete matière fubtile, & la refiftence des parties des autres cors, que, lorfqu’elle eft autant agitée, & qu’elle n’eft pas plus fubtile qu’elle a cou- »î ftume d’eftre en ces quartiers contre la terre, elle a la force d’agiter & de faire mouuoir feparement l’vne de l’autre, & mefme de plier la plufpart des petites par- ties de l’eau entre lefquelles elle fe glifle, & ainfi de la rendre liquide ; mais que, lorfqu’elle n’eft pas plus îo agitée, ny moins fubtile, quelle a couftume d’eftre