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La Dioptrique. — Discours I.

les corps que nous aperceuons autour de nous, ainſy que l’experience peut monſtrer fort clairement ; il eſt neceſſaire que ces pores ſoyent remplis de quelque matiere fort ſubtile & fort fluide, qui s’eſtende ſans interruption depuis les Aſtres iuſques a nous. Or, cete matiere ſubtile eſtant comparée auec le vin de cete cu|ue, & les parties moins fluides ou plus groſſieres, tant de l’air que des autres cors tranſparens, auec les grappes de raiſins qui ſont parmi : vous entendrés facilement que, comme les parties de ce vin, qui ſont par exemple vers C, tendent a deſcendre en ligne droite par le trou A, au meſme inſtant qu’il eſt ouuert, & enſemble par le trou B, & que celles qui ſont vers D, & vers E, tendent auſſy en meſme tems a deſcendre par ces deux trous, ſans qu’aucune de ces actions ſoit empeſchée par les autres, ny auſſy par la reſiſtence des grappes qui ſont en cete cuue : nonobſtant que ces grappes, eſtant ſoutenües l’vne par l’autre, ne tendent point du tout a deſcendre par ces trous A & B, comme le vin, & meſme qu’elles puiſſent cependant eſtre meües, en pluſieurs autres façons, par ceux qui les foulent : ainſy toutes les parties de la matiere ſubtile, que touche le coſté du Soleil qui nous regarde, tendent en ligne droite vers nos yeux au meſme inſtant qu’ils font ouuers, ſans s’empeſcher les vnes les autres, & meſme ſans eſtre empeſchées par les parties groſſieres des cors tranſparens, qui ſont entre deux : ſoit que ces cors ſe meuuent en d’autres façons, comme l’air, qui eſt preſque touſiours agité par quelque vent ; ſoit qu’ils ſoyent ſans mouuement, comme peut eſtre le verre