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1,68-69. CDXCI. — Juillet 1647, ^')

chofe la plus precieufe queiepûffereceuoir encepaïs. Elle m'auroit entièrement rendu heureux, Il elle ne m'auoit appris que la maladie qu'auoit vollre AlteiVe, auparauant que ie partilfe de la Haye, luy a encore 5 laiiïe quelques reftes d'iridifpofition en reflomac. Les remèdes qu'elle a choifis, à fçauoir la diète & l'exer- cice, font, à mon auis, les meilleurs de tous, après toutesfois ceux de l'ame, qui a fans doute beaucoup de force fur le corps, ainfi que montrent les grands

10 changemens que la colère, la crainte & les autres paffions excitent en luy. Mais ce n'eftpas diredement par fa volonté qu'elle conduit les efprits dans les lieux où ils peuuent eflre vtiles ou nuifibles; c'eft feule- ment en voulant ou penfant à quelqu'autre chofe.

i5 Car la conflrudion de noftre corps efl telle, que cer- tains mouuemens fuiuent en luy naturellement de cer- taines penfées : comme on voit que la rougeur du vifage fuit de la honte, les larmes de la compallion, & le ris de la ioye. Et ie ne fçache point de penfée plus

20 propre pour la conferuation de la fanté, |que celle qui conûfte en vne forte perfuafion & ferme créance, que l'architedure de nos corps eft fi bonne que, lors qu'on efl vne fois fain, on ne peut pas aifement tomber ma- lade, fi ce n'eft qu'on faffe quelque excez notable, ou

25 bien que l'air ou les autres caufes extérieures nous nuifent; & qu'ayant vne maladie, on peut aifement fe remettre par la feule force de la nature, principale- ment lors qu'on efl encore ieune. Cette perfuafion e(l fans doute beaucoup plus vraye & plus raifonnable,

3o que celle de certaines gens, qui, fur ' le raport d'vn

a. Clers. : fuit.

CoRRESPONnANCC. V. O

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