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doit pas laiſſer entièrement aller à cette paſſion, auant que d'auoir conſideré le mérite de la perſonne pour laquelle nous nous ſentons émeus. Mais, à cauſe que nous ne pouuons pas aimer également tous ceux en qui nous remarquons des mérites égaux, ie croy que nous ſommes ſeulement obligez de les eſtimer également; & que, le principal bien de la vie eſtant d'auoir de l'amitié pour quelques-vns, nous auons raiſon de préférer ceux à qui nos inclinations ſecrettes nous ioignent, pouruû que nous remarquions auſſi en eux du mérite. Outre que, lors que ces inclinations ſecrettes ont leur cauſe en l'eſprit, & non dans le corps, ie croy qu'elles doiuent touſiours eſtre ſuiuies; & la marque principale qui les fait connoiſtre, eſt que celles qui viennent de l'eſprit ſont réciproques, ce qui n'arriue pas ſouuent aux autres. Mais les preuues que i'ay de voſtre affection m'aſſurent ſi fort que l'inclination que i'ay pour vous eſt réciproque, qu'il faudroit que ie fuſſe entièrement ingrat, & que ie manquaſſe à toutes les règles que ie croy deuoir eſtre obſeruées en l'amitié, ſi ie n'eſtois pas auec beaucoup de zèle, &c.


A la Haye, le 6 luin 1647.


Page 50,1.4.— Brasset écrivit de la Haye, à M. Chanut, le 7 juin 1647 :

« .. .I'ay receu l'honneur de vostre dernière du 11 de l'autre nioys, et » la responce cy ioincte de M. Descanes vous iusiifiera comme celle qui » estoit pour luy a eu la seure adresse que vous me recommandiez. 11 s'en » va ce soir chercher son embarquement pour Paris. . . » [Bibl. Nat., MS. fr. n^99^V- 2.^0-)

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