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652 Préfaces de Clerselier. (17-18)

» fcrupule finir l'ouurage du Maiftre, par où le Difciple auoit pris » occafion de commencer le iien. Nous auons fait en fa perfonne » vne perte que l'on ne fçauroit trop regretter ; car outre que par ce » qu'il a fait on peut iuger de ce qu'il pouuoit faire, il m'auoit com- » muniqué quelques-vns de fes deffeins, qui n'alloient pas à moins » qu'à acheuer ceux que M. Defcartes s'eftoit propofez luy-mefme; » & ie lu}' voyois vn génie capable de tout exécuter. Mais, au lieu >i d'employer inutilement nos regrets, tafchons pluftoft d'imiter fa » vertu, & d'approcher ie plus que nous pourrons de la fcience & » de la fageffe qu'il s'eftoit acquife; elle auoit commence en luy par » la haute eflime qu'il auoit eue pour Monfieur Defcartes, elle s'efloit » accreuë par la ledure de fes ouurages, & elle s'eftoit perfeftionnée » par les reflexions qu'il auoit faites delfus : que (i nous ne fommes » pas capables de ces profondes fpeculations, au moins le Ibmmes- » nous de profiter de celles des autres. »

« Mais c'eit long-temps retarder le plaifir de la lefture de fes » Lettres. Difpofe-toy donc, Lecteur, à écouter le plaidoyer qu'il a » envoyée Meffieurs les Magiftrats de la ville d'Vtrech', pour auoir >' raifon des injures & calomnies atroces de les enuieux. C'eft peut- » eftre vn des plus beaux & des mieux faits que tu ayes iamais » entendu; et i'ay voulu commencer par là cet ouurage, pour dé- » tromper & defabufer d'abord ton efprit, s'il auoit efté capable •)) d'eftre frappé de quelque mauuais foupçon contre luy, afin » qu'eftant vne fois conuaincu de la vérité, tu plaignes l'aueugle- » ment de ceux qui en médifent, & que tu n'ayes plus dorefnauant » pour luy que de la bien-veillance & de l'eftime. »

» I le ne puis finir cette Préface par vne marque plus éclatante » de cette ellime, qu'en faifant connoiftre à tout le monde iufqu'où » s'eft porté le zèle que M. d'Alibert a eu pour la mémoire de » Monfieur Defcartes. Car voulant renchérir fur celuy que luy a » témoigné à fa mort feu Monfieur Chanut, lors Ambaffadeur en » Suéde, il ne s'elt pas contenté de faire reparer les ruines que le » temps auoit faites au monument qu'il auoit fait ériger à fa gloire : » il n'a pu fouffrir que la France fuft plus long-temps priuée des » pretieux reftes d'vn homme dont les écrits l'ont rendue fi glo- >i rieufe; & a fait en forte, par fes foins, que la Suéde a bien voulu » faire cette juftice & donner cette fatisfadion à la France, que de » luy rendre ce lacré depoft, & ces chères dépouilles qu'elle luy

a. Tome III, p. i (Clers.). — Voir t. IV, éclaircissement, p. 226, de notre édition.

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