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6? 2 Préfaces de Clerselier.

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��» nions toutes différentes, que l'on attribue toutes à Ariftote, cha- » cun s'eiforçant de l'attirer à fon part}', & faiiant gloire de donner » à fes pensées vne explication plus receuable que celle des autres. » Si bien que i'eftime qu'on ne fçauroit rien faire de plus glorieux » pour fa mémoire, que de trouuer moyen de luy faire dire vne fois >) les chofes de telle forte, qu'on ne puiffe plus rien changer en fes » penlees fans s'éloigner de la raifon; & de luy attribuer de telles » opinions en Phyfique, que l'euidence de leurs principes, fort dif- » ferente de l'obfcurité de ceux qu'on luy impute, auec la certitude » des conclurions qu'on en peut tirer, les faffe | embraffer à tout le » monde. C'eft vn moyen affez commode, ce me femble, pour faire » ceffer cette animofité qui met tant de diuifion parmy les Dofles, » & pour ramener à la raifon ceux qui, ne iurant que par luy, ne » veulent pas qu'on puiffe rien dire de bon, s'il n'eft tiré de fes » Ecrits. Et c'eft ce qu'auparauant le Décret authentique d'vne des » "Académies du Païs-Bas, qui donne pouuoir à tous les Profeffeurs » d'enfeigner publiquement la Dodrine de Monfieur Defcartes, vn » des plus célèbres Profeffeurs de ces quartiers-là auoit defia fait; » lequel ayant vu les emportemens de fes collègues contre vn » d'entr'eux, qui, fans refped à Ariftote, auoit ofé enfeigner ces nou- » uelles opinions, auoit adroitement trouué moyen de les faire re- » ceuoir à ceux de fa ville, en les propofant fous le nom d'Ariftote, » & comme les propres & véritables penfées de cet ancien & fa- » meux Autheur. »

« Mais Monfieur Defcartes n'a pas feulement bien mérité de la » Republique des Lettres par les beaux fecrets qu'il nous a reuelez » de la Phyfique; s'il y a quelque chofe qui le rende recomman- » dablc par deflus les autres, c'eft principalement ce qu'il a écrit des » chofes Metaphyfiques, dont il n'y a que luyfeul, que ie fçache, » qui nous en ait fait conceuoir les véritables idées. le dis les chofes » Metaphyfiques, & non pas les veritez Metaphyfiques, car il y a » bien de la différence entre les vnes & les autres. Celles cy ne font » autre chofe que certaines propofitions claires & euidentes, com- » munement connues de tout le monde, qui nous feruent de règle » pour iuger de la vérité des chofes, mais qui ne nous mènent à la » connoiffance de l'exiftence d'aucune, & qui, confiderées en elles- » mefmes, ne font point conceuës comme les proprietez d'aucune )) fubftance, mais feulement comme des veritez qui refident en l'en- » tendement, & qui hors de luy ne fubfiftent point; au lieu que, » par les chofes Metaphyfiques, nous entendons des Chofes ou des » Subftances intelligentes, ou bien des Proprietez qui appartiennent

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