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DLXXXVI. — lo Février 1650. 495

» gué, qu'il attendoit pour la réitération des Sacremens qu'il avoit reçus » le premier jour de sa maladie, et encore un mois auparavant, ne venoit » pas; et sur le minuit le malade, qui témoignoit n'avoir aucune douleur » sensible, parut diminuer de connoissance. [En marge : Rélat. de » M. Clers. et de M. Belin.] Sa vue sembla s'éteindre à demi, et ses yeux » plus ouverts qu'à l'ordinaire furent tout égarez. Quelques heures après, » l'oppression de la poitrine augmenta jusqu'à luy ôter la respiration. Le » matin de la neuvième journée de son mal, il dit à Schluter son valet de » luy aller préparer des panets, dont il sçavoit qu'il mangeoit volontiers, » parce qu'il craignoit que ses boiaux ne se rétrécissent, s'il continuoit à » ne prendre que des bouillons, et s'il ne donnoit de l'occupation à l'es- » tomac et aux viscères, pour les maintenir dans leur état. Après en avoir » mangé, il demeura si tranquille que la famille de M. l'Ambassadeur » commença à bien espérer pour son retour. {En marge : Rél. de M. Be- » lin.] Le malade même, quoy qu'assuré par sa propre connoissance de » l'arrest irrévocable prononcé sur sa vie, se persuada, pendant tout le » reste de la journée, qu'il pourroit durer encore un têms assez considé- » rable. De sorte que, sur les neuf à dix heures du soir, pendant que tout » le monde étoit retiré de sa chambre pour le souper, il voulut se lever et » demeurer quelque têms auprès du feu avec son valet de chambre. Mais » étant dans le fauteuil, il sentit l'épuisement que luy avoient causé les » deux grandes saignées [en marge : Le Médecin Weulles parle de trois » saignées, mais M. Chanut, M. Picques et M. Belin assurent qu'il n'y » en eut que deux], et il tomba dans une défaillance, dont il revint un » moment après. Mais il parut changé entièrement, et il dit à son valet : 1) Ah ! mou cher Schluter, c'est pour le coup qu'il faut partir. Schluter, » effrayé de ces paroles, remet incontinent son Maître dans le lit, et l'on » court à M. l'Ambassadeur déjà couché, et au Père Viogué Aumônier de » la maison, qui n'èioit arrivé que ce soir des courses de sa Mission. Le » Père monta promtement avec Madame Chanut et la famille. M. l'Am- » bassadeur, tout convalescent et tout infirme qu'il étoit, voulut aller » recueillir les dernières paroles et les soupirs de son amy. Mais il ne » parloitdèja plus. Le Père Aumônier, voyant qu'il n'étoit plus en état de » faire sa confession de bouche, fit souvenir l'assemblée qu"il s'étoit » acquitè de tous les devoirs d'un Fidèle dés le premier jour de sa » maladie [en marge: Le jour de la Purification avec M. Bi-Hn et les » autres], que la souffrance de ses maux étoit une satisfaction qu'il avoit » rendue à la justice de Dieu, et un accomplissement des Sacremens qu'il » avoit reçus. [En marge : Clersel. préf. du I tom. pag. 14. Rél. de » M. Belin. Lett. de M. Chanut à Elizah. et à Picot.] 11 dit ensuite à » son malade que Dieu acceptoit la volonté qu'il avoit témoignée, pour " réitérer les mêmes sacremens. Remarquant à ses veu.K ti au nii)u\ein(.*nt Il de sa tète, qu'il avoit l'esprit dégagé, il le pria de faire quelque signe, s'il » l'entendoit encore, et s'il vouloit recevoir de luv la dernière bénèdic- » tion ; car le défaut des choses nécessaires pour l'Lxiréme-onciion ne

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