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111,0,6-6.7. DLIII. — 9 Avril 1649. 3^7

Les deux qiieflions que vous nommez paradoxes font bien refoluës; & encore qu'il ne foit pas ordi- naire quVn homme qui a quelque bien fe mette en compagnie auec vn autre qui a moins que rien, il peut

5 toutesfois arriuer des cas aufquels cela fe pratique. Par exemple, deux marchands d' Amfterdam ont chacun leur commis en Alep, &pour ce qu'ils ne fe fient pas trop en ces deux commis, & qu'ils fçauent qu'ils font ennemis l'vn de l'autre, ils leur écriuent que, du iour

10 qu'ils auront receu leurs lettres, ils fe rendent compte l'vn à l'autre de tout ce qu'ils ont entre leurs mains du bien de leur maiflre; & que, s'il fe trouue que l'vn d'eux doiue plus qu'il n'a, que cela foit payé de l'argent de l'autre, & que le furplus foit mis en commun pour

i5 eftre employé en marchandife, fans que l'vn des commis puilTe rien vendre ny acheter fans le fceu de l'autre; & ils s'accordent entre eux qu'ils partageront enfemble le gain ou la perte, à raifon de l'argent que leurs commis auront eu entre leurs mains, lorfqu'ils

20 receuront leurs lettres. Enfuite de quoi, s'il arriue qu'vn de ces commis ait cinq mil liures; & que l'autre doiue deux mil liures, ayant payé ces deux mil liures de l'argent du premier, il reftera trois mil liures qu'ils employeront en marchandife; & fi de ces trois mil

25 liures ils gagnent douze mil liures, c'efl le qua- druple de leur argent : c'efl pourquoy celui qui auoit au commencement cinq mil liures en doit gagner vingt mil ; & parconfequent l'autre, qui eftoit reliqua- taire de deux mil liures, en doit perdre huit mil. Au

3o contraire, s'il y a douze mil liures de perte, celui qui

a. Page 320, 1. 9.

Correspondance. V. 43

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