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J28 Correspondance. 1,137-158.

Au refte, il femble que la fortune efl ialoufe de ce que ie n'ay iamais rien voulu attendre d'elle, & que i'ay tafché de conduire ma vie en telle forte, qu elle n'eufl fur moy aucun pouuoir; car elle ne manque ia- mais de me defobliger, fi-toft qu'elle en peut auoir 5 quelque occafion. le I'ay éprouué en tous les trois voyages que i'ay faits en France, depuis que ie fuis retiré en ce pays, mais particulièrement au dernier, qui m'auoit efté commandé comme de la part du Roy. Et pour me conuier à le faire, on m'auoit enuoyé des 10 lettres en parchemin, & fort bien fcellées, qui conte- noient des éloges plus grands que ie n'en meritois, & le don d'vne penfion affez honnefte. Et de plus, par des lettres particulières de ceux qui m'enuoyoient celles du Roy, on me promettoit beaucoup plus que i5 cela, fi-toft que ie ferois arriué^ Mais, lors que i'ay eflé là, les troubles inopinément furuenus ont fait qu'au lieu de voir quelques effets de ce qu'on m'auoit promis, i'ay trouué qu'on auoit fait payer par l'vn de mes proches les expéditions des lettres qu'on m'auoit 20 enuoyées, & que ie luy en deuois rendre l'argent; en forte qu'il femble que ie n'eftois allé à Paris que pour acheter vn parchemin, le plus cher & le plus inutile qui ait iamais efté entre mes mains. le me foucie neantmoins fort peu de cela; ie ne l'aurois attribué 25 qu'à la fafcheufe rencontre des affaires publiques, & n'euffe pas laiffé d'eflre fatisfait, fi i'eufTe vu que mon voyage eufl pu feruir de quelque chofe à ceux qui . m'auoient appelle. Mais ce qui m'a le plus dégoûté, c'efl qu'aucun d'eux n'a témoigné vouloir connoiflre 3o

a. Voir ci-avant p. 139-140.

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