Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, V.djvu/299

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

la force s’acordent ſeuls, il leur eſt aiſé de trouuer des raiſons pour partager entr’eux ce que peut-eſtre ils n’auoient voulu rendre à vn tiers que par ialouſie les vns des autres, & pour empeſcher que celuy qui s’enrichiroit de ſes dépouilles ne fuſt trop puiſſant. La moindre partie du Palatinat vaut mieux que tout l’Empire des Tartares ou des Moſcouites, & apres deux ou trois années de paix, le ſeiour en ſera auſſi agreable que celuy d’aucun autre endroit de la terre *. Pour moy, qui ne ſuis attaché à la demeure d’aucun lieu, ie ne ferois aucune difficulté de changer ces Prouinces, ou meſme la France, pour ce pays-là, ſi i’y pouuois trouuer vn repos auſſi aſſuré, encore qu’aucune autre raiſon que la beauté du païs ne m’y fiſt aller ; mais il n’y a point de ſeiour au monde, ſi rude ny ſi incommode, auquel ie ne m’eſtimaſſe heureux de paſſer le reſte de mes iours, ſi voſtre Alteſſe y eſtoit, & que ie fuſſe capable de luy rendre quelque ſeruice ; pour ce que ie ſuis entierement, & ſans aucune reſerue, &c.

Page 282, 1. 2. — Charles I, roi d’Angleterre, eut la téte tranchée à Londres, le mardi 9 ſévrier 1649, (voir ci-avant. p. 95). La nouvelle en fut apportée à La Haye le dimanche 14 ſévrier, au soir, par un matelot dépéché de Londres, et qui avait été témoin de l’exécution. Le feu Roi avait alors à La Haye un fils, une fille, une sœur et deux nièces à savoir le prince de Galles, qui allait prendre le titre de Roi, la princesse Marie, épouse du prince d’Orange, la reine de Bohème, Élisabeth, avec deux de ses filles, les princesses Louise et Sophie. La douleur ſut grande parmi toutes ces personnes royales. On en retrouve l’écho dans les lettres de Brasset pendant le mois de février 1649. « La Tragédie d’Angleterre », écrivait-il à Brienne ; le 18 février, « est icy vne assidue meditation, et l’obiect des larmes de cette Maison royale et l’entretien d’vne continuelle tristesse ». (Bibl. Nat., fr. 17901, f. 133 v.) Et le 17, au marquis de fontenay « La bonne Reyne de Bohesme ressent de son costé le comble de ses afflictions, et quoy qu’endurcie au malheur pour tant de vieilles