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2J2 Correspondance. i, 80-81.

Madame,

l'ay eu enfin le bonheur de receuoir les trois lettres que voftre Alteffe m'a fait l'honneur de m'écrire, & elles n'ont point pafle en de mauuaifes mains. Mais la première, du jo Iuin% ayant efté portée à Paris, pen- 5 dant que i'eftois defia en chemin pour reuenir en ce pais, ceux qui l'ont receuë pour moy ont attendu des nouuelles de mon arriuée auant que de me l'enuoyer, & ainfi ie ne l'ay pu auoir qu'auiourd'huy, que i'ay auffi receu la dernière du 2} "^ Aouft, par laquelle i'a- 10 prens vn procédé iniurieux que i'admire ; & ie veux croire, auec voftre Alteffe, qu'il ne vient pas de la per- fonne à qui on l'attribue. Quoy qu'il en foit, ie n'ef- time pas qu'on doiue eftre fafché de ne point faire vn voyage, où, comme voftre Alteffe remarque fort bien, i5 les incommoditez eftoient infaillibles & les auantages fort incertains. Pour moy, grâces à Dieu, i'ay acheué celuy qu'on m'auoit obligé de faire en France, & ie ne fuis pas marry d'y eftre allé, mais ie fuis encore plus aife d'en eftre reuenu. le n'y ay veu perfonne dont il 20 m'ait I femblé que la condition fuft digne d'enuie,, & ceux qui y paroiffent auec le plus d'éclat m'ont femblé eftre les plus dignes de pitié. le n'y pouuois aller en vn tems plus auantageux pour me faire bien recon- noiftre la félicité de la vie tranquille & retirée, & la ^5 richeffe des plus médiocres fortunes. Si voftre Alteffe compare fa condition auec celle des Reines & des autres Princeffes de l'Europe, elle y trouuera mefme

a. Lettre DXIX, p. 194 ci-avant.

b. Clers. : du 25. — Lettre DXXVL P- 224 ci-avant.

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