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202 Correspondance.

» sçavans Mathématiciens de Paris confessoient avoir été devancez dans » cette opinion. »

« Ce fut en l'une de ces assemblées, qui ne se tenoit ce jour là ny chez » l'Abbé Picot ny aux Minimes, mais chez une personne de marque, que » M. de Roberval entreprit de pousser entièrement M. Descartes à bout » sur tous les points de sa Physique ausquels il étoit contraire. Quoy » qu'il affectât de parler un langage tout à fait opposé à celuy de l'Ecole, » il n'en étoit pas plus uni de sentimens avec M. Descartes. Il l'attaqua » non seulement sur le Vuide et sur l'impossibilité du mouvement dans M le Plein, mais encore sur les Atomes, qu'il rejettoit, et sur la matière » qu'il supposoit divisible à l'indéfini. Il l'entreprit d'un ton si magistral » et si semblable à celuy dont il avoit coutume d'épouvanter les écoliers 1) de sa classe, que M. Descartes, qui n'étoit point venu en France pour )) disputer, en parut étourdi ; et la crainte de retrouver un second Voetius » dans ce professeur, fit qu'il aima mieux se taire que de luy laisser » prendre pied sur ce qu'il pourroit luy dire pour l'embarquer dans des » contestations. Il témoigna néanmoins à la compagnie qu'il ne s'abste- » nolt de répondre à M. de Roberval que pour l'obliger de mettre ses » difficultez par écrit, et qu'il s'otTroit en ce cas là de le satisfaire. Il » n'étoit rien de plus raisonnable, rien de plus digne d'un Philosophe » pacifique ennemi de la chicane, que cette proposition que lui faisoit » M. Descartes. C'étoit le moyen le plus naturel pour prévenir la sur- )) prise et l'équivoque, pour se posséder plus parfaitement, et pour exa- » miner avec plus de loisir et de sang froid les raisons de l'un et de » l'autre. M. de Roberval ne voulut pas se soumettre à une condition si » juste; et il ne fut pas plutôt sorti de l'assemblée, que, s'imaginant pou- » voir prendre droit sur le silence de M. Descartes, il se vanta par tout » qu'au moins une fois en sa vie il avoit sçû luv fermer la bouche. » M. Descartes ne jugea point à propos de relever une si sotte vanité, et » il crud devoir abandonner pour toujours M. de Roberval à sa propre » complaisance. » iBaillkt, II, 344-346.)

��DXXI.

Descartes a Mersenne.

[Paris, juin ou juillet 1648.] AuTOGR.\PHE, Paris, Bibliothèque Je l'Institut.

Une demi-feuille, pliée en deux; les trois p?'ej7tières pages entière- ment remplies; en travers de la quatrième, l'adresse. Sur la première

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