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198 Correspondance. i, i?3-.i:h.

d'eftre vtile au feruice de voftre Alteffe, ie ne fatig- ferois pas à ] mon deuoir, ny à mon zèle, fi, après eûre arriué en vne nouuelle demeure, ie manquois à vous renouueller les offres de ma tres-humble obeïflance. le me fuis rencontré icy en vne coniondure d'affaires, 5 que toute la prudence humaine n'euft fçeu preuoir. Le Parlement, ioint auec les autres Cours fouueraines, s'affemble" maintenant tous les iours, pour délibérer touchant quelques ordres qu'ils prétendent deuoir eflre mis au maniment des finances, & cela fe fait à 10 prefent auec la permiffion de la Reine, en forte qu'il y a de l'apparence que l'aftaire tirera de longue  ; mais il eft mal-aifé de iuger ce qui en reûffira. On dit qu'ils fe propofent de trouuer de l'argent fuffifamment pour continuer la guerre, & entretenir de grandes armées, i3 fans pour cela fouler le peuple ; s'ils prennent ce biais, ie me perfuade que ce fera le moyen de venir enfin à vne paix générale. Mais, en attendant que cela foit, i'euffe bien fait de me tenir au pais où la paix efl defia; & fi ces orages ne fe diffipent bien-toft, ie me 20 propofe de retourner vers Egmond dans fix femaines ou deux mois, & de m'y arrefler iufques à ce que le ciel de France foit plus ferain. Cependant, me tenant comme ie fais, vn pied en vn pays, & l'autre en vn autre, ie trouue ma condition tres-heureufe, en ce zS qu'elle efl libre. Et ie croy que ceux qui font en grande fortune différent dauantage des autres, en ce que les deplaifirs qui leur arriuent, leur font plus fen- fibles, que non pas en ce qu'ils iouïffent de plus de

a. S'allemblent {Clers.). h. En longueur [Iiist.].

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