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Principes. — Quatriesme Partie. 521

��2o3. Comment on peut paruenir à la connoiffance des figures, grandeurs & mouuemens des corps infenfibles.

Quelqu'vn derechef pourra demander d'où j'ay appris quelles font les figures, grandeurs | & mouuemens des petites parties... 479 de chaque corps, plufieurs defquelles j'ay icy déterminées tout de mefme que fi je les auois veuës, bien qu'il fait certain que je n'aj- pu les aperceuoir par l'aj-de des feus, puis que j'aduouë qu'elles font infenfibles. A quoy je répons que j'ay, premièrement, confideré en gênerai toutes les notions claires & dijîindes qui peuuent eftre... en noftre entendement touchant les chofes matérielles, & que, n'en aj'ant point trouué d'autres finon celles que nous auons des figures, des grandeurs & des mouuemens, £■ des règles fuiuant le/quelles ces trois chofes peuuent ejlre diuerfifiées l'i'ue par l'autre, lefquelles règles font les principes de la Géométrie & des Mechaniques, j'aj- jugé qu'il faloit necejjairement que toute la connoiffance que les hommes peuuent auoir de la nature fufl tirée de cela feul ; pource que toutes les autres notions que nous auons des chofes fenfibles, efiant confufes & obfcures, ne peuuent feruir à nous donner la connoiffance d'aucune chofe hors de nous, mais plujiofl la peuuent empefcher. En fuite de quoi, j'ay exa- miné toutes les principales différences qui fe peuuent trouuer entre les figures, grandeurs & mouuemens de diuers corps que leur feule peiitelfe rend infenfibles, & quels effets fenfibles peuuent eftre pro- duits par les di\uerfes façons dont ils fe méfient enfemble. Et par 480 après, lors que j'ay rencontré de femblables effets dans les corps que nos fens aperçoiuent, j'ay penfé qu'ils auoient jjî'c efire ainfi pro- duits. Puis far creu qu'ils l'auoieiit infailliblement efîé, lors qu'il m'a femblé eftre impofliblede trouuer en toute l'efienduë de la nature aucune autre caufe capable de les produire. A quoy l'exemple de plufieurs corps, compofez par l'artirice des hommes, m'a beaucoup feruy : car je ne reconnois aucune différence entre les machines que font les arlifans & les diuers corps que la nature feule compofe, finon que les effets des machines ne dépendent que de l'agencement de certains tuj-aux, ou refforls, ou autres inftrumens, qui, deuant auoir quelque proportion auec les mains de ceux qui les font, font touf- jours fi grands que leurs figures & mouuemens fe peuuent voir, au lieu que les tuyaux ou refforts qui caufent les effets des corps naturels lont ordinairement trop petits pour eftre appcrceus de nos fens. Et il eft certain que toutes les règles des Mechaniques appartiennent à la Phyfique. .., enforlc que toutes les chofes qui font Œuvres. IV. -i

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