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} I 2 OEuvRES DE Descartes.

donne à l'ame le fentiment ou la paiïîon de la joye... Tout de mefme, lors que le fang eft fi groiîier qu'il ne coule & ne fe dilate qu'à peine

463 dans... le cœur, il | excite dans les mefmes nerfs vn mouuement tout autre que le précèdent, & qui... ejl iii/litué de la nature pour donner à l'ame le fentiment de la trifleffe, bien que fouuent elle ne fçache pas elle-melme ce que c'eft qui fait qu'elle s'attrifte; & toutes les autres caufes qui meuuent ces nerfs en mefme façon, donnent aufli à l'ame le mefme fentiment. Mais les autres mouuemens des mefmes nerfs luy font fentir d'autres paffions, à fçauoir celles de l'amour, de la haine, de la crainte, de la colère &c.; en tant que ce font des fentimèns ou paffions de l'ame; c'eft à dire en tant que ce font des penfées confufes que l'ame n'a pas de foy feule, mais de ce qu'eftant eftroitement vnie au corps, elle reçoit l'imprcffion des mouuemens qui Je font en luy : car il y a vne grande différence entre ces paffions & les connoiffances ou penfées diftinftes que nous auons de ce qui doit eftre aymé, ou hài, ou craint &c., bien que fouuent elles fe trouuent enfemble. Les appétits naturels, comme la faim, la foif, & tous les autres, font auffi des fentimèns excitez en l'ame par le moyen des nerfs de l'eftomac, du gofier, ô des autres parties, & font entière- ment differens de l'appétit ou de la volonté qu'on a de manger, de boire, & d'auoir tout ce que nous penjons ejtre propre à la conferua-

464 tiott de nojlre corps; mais à caufe que cet appétit ou | volonté les accompagne prefque touf-jours, on les a nommez des appétits.

ICI. Des fens extérieurs ; & en premier lieu, de l'attouchement.

Pour ce qui eft des fens extérieurs, tout le monde a couftume d'en conter cinq, à caufe qu'il y a autant de diuers genres d'objets qui meuuent les nerfs..., & que les impreffions qui viennent de ces objets excitent en l'ame cinq diuers genres de penfées confufes. Le premier eft l'attouchement, qui a pour objet tous les corps quipeuuent mouuoir quelque partie de la chair ou de la peau de nojlre corps, & pour organe tous les nerfs qui,fe trouuans en cette partie de nojlre corps, participent à fon mouuement. Ainfi les diuers corps qui touchent noftre peau meuuent les nerfs qui fe terminent en elle, d'vne façon par leur dureté, <d'vne autre par leur pefanteur>, d'vne autre par leur chaleur, d'vne autre par leur humidité, &c., & ces nerfs excitent autant de diuers fentimèns en l'ame qu'il y a de diuerfes façons dont ils font meus, ou dont leur mouuement ordinaire eft empefché : à raifon de quoy on a auffi attribué autant de diuerfes qualitez... à ces corps; & on a donné à ces qualité:^ les

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