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Principes. — Quatriesme Partie. }i

��I ipo. Combien ily a de diuersjens, & quels font les intérieurs, ceji à dire les appétits naturels & les pajfions.

Il ejl befoin aujfi de confiderer que toutes les varietez de ces fenti- mens dépendent, premièrement, de ce que nous auons plufieurs nerfs, puis aufli, de ce qu'il y a diuers mouuemens en chaque nert; mais j«e, neantmoins, nous n'auons pas autant de fens difterens... que nous auons de nerfs. Et je n'en diftingue principalement que fept deux defquels peuuent eftre nommez inteneurs, & les cmq autres' extérieurs. Le premier fens que je nomme intérieur com- prend la faim, la foif, & tous les autres appétits naturels; & dejl excité en l'amepar les mouuemens des nerfs de l'eftomac..., du golier, & de toutes les autres parties qui feruent aux fonaions naturelles, pour lefquelles on a de tels appétits. Le fécond comprend la )oye, la triltelTe, l'amour, la colère, & toutes les autres paffions; & il dépend principalement d'm petit nerf... qui va vers le cœur..., puis aufli de ceux du diaphragme & des autres parties intérieures. Car, par exemple, lors qu'il arriue que noftre fang tik fort pur ô bien tem- péré en forte qu'il fe dilate dans le cœur plus ayfément & plus fort que de couftume, cela fait tendre les petits nerfs qui font aux entrées de fes concauitei, & les meut d'vne certaine façon qui refpond )ufques au cerueau & y excite noftre ame à fentir naturellement de la joye. Et toutefois & quantes que ces mefmes | nerfs font meus en la mefme façon, bien que ce foit pour d'autres caufes, ils excitent en noftre ame ce mefme fentiment de joye. Ainfi, lors que nous penfons jouir de quelque bien, l'imagination de cette jouïffance ne contient pas en foy le fentiment de la joye, mais elle fait que. les efprits ani- maux paffent du cerueau dans les mufcles aufquels ces nerfs font inferez; & faifant par ce moyen que les entrées du cœur fe dilatent, elle fait aufli que ces nerfs fe meuuent en \a façon qui eft inftituee de la nature pour donner le fentiment de la joye. A.nfi, lors qu on nous dit quelque nouuelle, l'ame juge premièrement fi elle eit bonne ou mauuaife; & la trouuant bonne, elle s'en ré)ouït en elle- mefme, d'vne joye qui efl purement intelleauelle, & tellement^ in- dépendante des émotions du corps, que les Stoïques n ont pu la dénier à leur Sage, bien qu'ils ajent voulu qu'il fuft exempt de toute va/non. Mais fi toft que cette joye fpirituelle vient de V entendement en l'imagination, elle fait que les efprits coulent du cerueau vers es mufcles qui font autour du cœur, & là excitem le mouuement des nerfs par lequel eft excité vn autre mouuement dans le cerueau, qui

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