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��OEUVRES DE Descartes.

��vers les pôles de la Terre, mais qu'il les en détourne orditiairejyietit quelque peu, & quelquefois plus, quelquefois moins, félon les diuers pais oii l'on le porte. De quoy la raifon doit eftre attribuée aux inégalitez qui font en la fuperficie de la Terre, ainfi que Gilbert a fort bien remarqué. Car il eft éuident qu'il y a des endroits, en cette terre..., où il 3' a plus d'aymans ou de fer que dans le relie ; &que, par confequent, les parties canelées qui fortent de la Terre intérieure, vont en plus grande quantité vers ces endroits là que vers les autres : ce qui fait qu'elles fe détournent fouuent du chemin qu'elles prendroient, Ji tous les endroits de la Terre e/loient femblables. Et pource qu'il n'y a rien que ces parties canelées qui facent tourner

437 çà ou là les pôles de | l'aymant..., ils doiuent fuiure toutes les varia- tions de leur cours. Ce qui peut eftre confirmé par l'expérience, li on met vne fort petite aiguille d'acier fur vne a[fe\ grojfe pierre d'aymant qui ne foit pas ronde ; car on verra que les bouts de cette aiguille ne fe tourneront pas touf-jours exactement vers les mefmes points de cette pierre, mais qu'ils s'en détourneront diuerfement fuiuant les inégalité^ de fa figure. Et bien que les inégalitez qui paroiffent en la fuperficie... de la Terre ne foient pas fort grandes, à raifon de toute la grofléur de fon corps..., elles ne laiffent pas de l'eftre affez..., à raifon des diuers endroits de cette fuperficie, pour

y caufer la variation des pôles de l'aymant qu'on y obferue.

i6p. Comment cette variation peut clianger auec le temps en vn me/me endroit de la Terre ".

Il y en a qui difent que cette variation n'eit pas feulement diffé- rente aux différents endroits de la Terre, mais qu'elle peut aufTi changer auec le temps en vn mefme lieu; en forte que celle qu'on obferue maintenant en certaines places, ne s'accorde pas auec celle qu'on y a obferuéeaufieclepajje. Ce qui ne me femble nullement eftrange, eti confiderant qu'elle ne dépend que de la quantité du fer & de l'aymant quife trouue plus ou moins grande vers l'ini des cofie\ de ces lieux là que vers l'autre, non feulement à caufe que les hommes tirent con- tinuellement du fer de certains endroits de la Terre, & le tranf-

438 Iportent en d'autres; mais principalement auffi, à caufe qu'Hy a eu autrefois des mines de fer en des lieux oii il n'y en a plus, pource qu'elles s'y font corrompues auec le temps, & qu'il y en a mainte- nant en d'autres oii il n'y en auoit point auparauant, parce qu'elles y ont depuis peu efté produites...

a. Propriété 20, p. 28a.

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