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Principes, — Quatriesme Partie. 2 1 1

vuide, c'ert à dire s'il n'clloit rempl}' que d'vn corps qui ne pufl aider ny empefcher les mouuemens des autres corps (car c'ert ce qu'on doit proprement entendre par le nom de vuide), & que cepen- dant elle ne laiffalt pas de tourner... en vingt-quatre heures fur fon effieu, aiu/i qu'elle fait à prefent, toutes celles de fes parties qui ne feroient point fort eftroitement jointes à clic, s'en fepareroient & s'écarteroient de tous collez vers le ciel, en mcfme façon que la poufllere qu'on jette fur vne pirouette, pendant qu'elle tourne, n'y peut demeurer , mais e(l rejettée par elle vers l'air de tous colfez. Et fi cela eltoit, /o«s les corps terrejlres pourraient qÛvc appeliez légers pluflofl que pefans.

22. En quoy confijîe la légèreté de la matière du Ciel.

Mais à caufe qu'il n'y a point de vuide au|tour de la Terre, &. 300 qu'elle n'a pas de foy mefme la force qui fait qu'elle tourne' en vingt- quatre heures fur foh cjjleu, mais qu'elle eft emportée par le cours de la matière du Ciel qui l'enuironne & qui pénètre par tout en les pores, on la doit confiderer comme vn corps qui n'a aucun mouue- ment, & penfer auffi que la matière du Ciel tiq ferait ny légère ny pelante à fon regard, fi elle n'auoit point d'autre agitation que celle qui la fait tourner en vingt-quatre heures auec la Terre; mais que, d'autant qu'elle en a beaucoup plus qu'il ne luy en faut pour cet effet, elle eniploj-e ce qu'elle a déplus, tant à tourner plus vile que la Terre en mefme Jens, qu'à faire diuers autres mouuemens de tous coflej, lefquels ne pouuant eltre continuez en lignesT? droites qu'ils fcroienl, û la Terre ne le rencontroit point en leur chemin, )ion feulement ils font effort pour la rendre ronde ou fpherique, ainfi qu'il a efîé dit des gouttes d'eau; mais aujji cette matière du Ciel a plus de- force à s'é- loigner du centre, autour duquel elle tourne, que n'ont aucunes des parties de la Terre, ce qui fait qu'elle eft légère à leur égard.

23. Que c'eji la légèreté de cette matière du Ciel, qui rend les corps

terrejîres pefans.

Et il faut remarquer que la force dont la matière du Ciel tend à s'éloigner du centre de la Terre, ne peut auoir fon effet, fi ce n'eit que I celles de fes parties qui s'en éloignent montent en la place de quelques parties terreftres qui defcendent au mefme temps en la leur.

a. Voir Correspondance, t. V, p. 388.

b. Art. 19, p. 209-210 ci-avant.

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