Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, IX.djvu/408

Cette page n’a pas encore été corrigée

iio Œuvres de Descartes.

i34 attribuer de mouuement à la Terre, & que je tafcheray | de faire que mes raifons, fur ce fujet, foient plus vrayes que celles de Tycho : je propoferay icy l'hypothefe qui me femble ertre la plus fimple de toutes & la plus commode, tant pour connoiltre les Phainomenes, que pour en rechercher les caufes naturelles. Et cependant j'aduer- tis que je ne pretens point qu'elle foit receuë comme entièrement conforme à la vérité, mais feulement comme vne hypothefe, ou fiip- pofitiou qui peut e/lrefaii(Jl'.

20. Qu'il faut Juppofer les Ejlniles fixes extrêmement éloignées

de Saiwne.

Premièrement, à caufe que nous ne fçauons pas encore aflure- ment quelle diltance il y a entre la Terre & les Eltoiles fixes, &. que nous ne fçaurions les imaginer fi éloignées que cela répugne à l'expérience, ne nous contentons point de les mettre au deffus de Saturne, où tous les Aiîronomes auoiient qu'elles font, mais prenons la liberté de les fuppofe'r autant éloignées au-delfus de luy, que cela pourra eflre vtile à noftre deffein. Car /i nous voulions juger de leur hauteur par la comparaifon des dirtances qui Ibnt entre les corps que nous voyons fur la Terre, celle qu'on leur attribué dcf-ja, feroit auHi peu croyable que la plus grande que nous fçaurions imaginer; au lieu que, li nous confiderons la toute-puiflance de Dieu qui les a créées, la plus grande diilance que nous pouuons 135 conceuoir, n'elt pas moins croyable qu'v|ne plus petite. Et je feray voir cy-apres " qu'on ne Içauroit bien expliquer ce qui nous paroit, tant des Planètes que des Comètes, fi on ne fuppofc vn très-grand efpace entre les Efioiles fixes & la fphere de Saturne.

21 . Que la matière du Soleil, ainji que celle de lajljmme, ejl fort mobile ; mais qu'il n'ejl pas befoin pour cela qu'il pafj'e tnut entier d'vn lieu en vn autre.

En fécond lieu, puis que le Soleil a cela de conforme auec la flamme & auec les Eltoiles fixes, qu'il fort de luy de la lumière, laquelle il n'emprunte poinl d'ailleurs, imaginons qu'il cil femblable auffi à la flamme, en ce qui efl de fon mouuement, ^ aux Efioiles fixes, en ce qui concerne fa fituation. Et comme nous ne voyons rien fur la Terre qui foit plus agité que la flamme, en forte que, fi les

a. An. 41.

�� �