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76 OEuvRES DE Descartes.

de lieu & n'en change point, de mefme nous pouuons dire qu'en mefme temps elle fe meut & ne le meut point. Car celuy, par exemple, qui eft affis à la pouppe d'vn vailfeau que le vent fait aller, croit fe mouuoir, quand il ne prend garde qu'au riuage duquel il eft party & le confidere comme immobile, & ne croit pas fe mouuoir, quand il ne prend garde qu'au vaiffeau fur lequel il eft, pource qu'il ne change point de fituation au regard de fes parties. Toutefois, à caufe que nous fommes accouftumez de penfer qu'il n'y a point de mouuement fans adion..., nous dirons que celuy qui eft ainfi affis, eft en repos, puis qu'il ne fent point d'adion en foy, & que cela ejt en vjage^.

25. Ce que c'ejî que le mouuement proprement dit.

Mais fi, au lieu de nous arrefter à ce qui n'a point d'autre fonde- ment que l'vfage ordinaire, nous defirons fçauoir ce quec'eft que le mouuement félon la vérité, nous dirons, afin de luy attribuer vne nature qui foit déterminée, qu'il eft le transport d'vne partie de

LA MATIERE, OU d'vN CORPS, DU VOISINAGE DE CEUX QUI LE TOUCHENT IMMEDIATEMENT, ET QUE NOUS CONSIDERONS COMME EN REPOS, DANS LE VOISINAGE DE QUELQUES AUTRES. Par VN CORPS, OU bien par VNE PARTIE

DE LA MATIERE, j'entends tout ce qui eft tranfporté enfemble, quoy 83 qu'il foit | peut-eftre compofé de plufieurs parties qui employent cependant leur agitation à /aîVe d'autres mouuemens. Et je dy qu'il eft le TRANSPORT & non pas la force ou l'adion qui tranfporté, afin de monftrer que le mouuement eft touf-jours dans le mobile, & non pas en celuy qui meut ; car il me femble qu'on n'a pas couftume de diftinguer ces deux chofes afl'ez foigneufement. De plus, j'entends qu'il eft vne propriété du mobile, & non pas vne fubftance : de mefme que la figure eft vne propriété de la chofe qui eft figurée, & le repos, de la chofe qui eft en repos.

a. Cette traduction est ainsi modifiée par des notes manuscrites, en marge de notre édition annotée, presque toutes de la main de Legrand : « Et » me/mes, a caufe que nous fommes accoutumez de penfer que, dans tout » mouuement, il y a de l'aâion, & que, dans le repos, il n'y en a point, » mais qu'au contraire il y a vne cejfation d'aâion, il ejl mieux de dire » que celuy qui eft ainfi ajfis, eft en repos, que de dire qu'il fe meut, puis )) qu'il etc. »

b. Voir Correspondance, i. V, p. 384. Voir aussi ibid., p. 38o, 1. 26, et p. 403, 1. 25 et 26.

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