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74 OEuvRES DE Descartes.

��20. Qu'il ne peut y auoir aucuns atomes ou petits corps indiuifibles.

Il eft auffi tres-aile de connoiftre qu'il ne peut y auoir des atolmes, ou des parties de corps qui... foient indiuifibles, aiiijt que quelques Philofophes ont imaginé. D'autant que, fi petites qu'on fuppofe ces parties, neantmoins, pource qu'il faut qu'elles foient eftenduës, nous conceuons qu'il n'y en a pas vne entr'elles qui ne puiffe eftre encore diuifée en deux ou plus grand nombre d'autres plus petites, d'où il fuit qu'elle eft diuifible. Car, de ce que nous connoilTons clai- rement & dijîinâement qu'vne chofe peut eftre diuifée, nous deuons juger" qu'elle eft diuifible, pource que, fi nous en jugions autre- ment, le jugement que nous ferions de cette chofe feroit contraire à la connoiffance que nous en auons. Et quand mefme nous luppo- ferions que Dieu euft réduit quelque partie de la matière à vne peti- teffe fi extrême, qu'elle ne puft eftre diuifée en d'autres plus petites, nous ne pourrions conclure pour cela qu'elle feroit indiuifible, pource que, quand Dieu auroit rendu cette partie fi petite qu'il ne feroit pas au pouuoir d'aucune créature de la diuifer, il n'a pu fe priuer foy-mefme du pouuoir qu'il auoit de la diuifer, à caufe qu'il 80 n'eftpas poflible qu'il diminue fa | toute-puiffance, comme il a efté def-ja remarqué \ G'eft pourquoy... nous dirons que la plus petite partie ejlenduë qui puijfe ejîre au monde, peut touf-jours eftre diui- fée, pource qu'elle eft telle de fa nature.

2/. Que l'ejienduë du monde ejl indéfinie.

Nous fçaurons auïïi que ce monde, ou la matière eftenduë qui compofe l'vniuers, n'a point de bornes", pource que, quelque part où nous en vueillions feindre, nous pouuons encore imaginer au delà des efpaces indéfiniment eftendus, que nous n'imaginons pas feulement, mais que nous conceuons eftre tels en effet que nous les imaginons; de forte qu'ils contiennent vu corps indéfiniment eltendu, car... l'idée de l'eftenduë que nous conceuons en quelque efpace que ce foit, eft la vraye idée que nous deuons auoir du corps.

a. Texte primitif : « nous fçauons ». A Xerrata : « nous deuons juger ».

b. Partie I, art. 6o. Ci-avant, p. 52.

c. Voir Correspondance, t. V, p. 69.

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