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��Principes. — Première Partie. 37

��2-j. Quelle différence il y a entre indefiny & infiny.

Et nous appellerons ces chofes indéfinies pluftort qu'infinies, afin de referuer à Dieu feul le nom d'infiny ; tant à caufe que nous ne remarquons point de bornes en fes perfeâions, comme aufll à caufe que nous fommes tres-affu|rés qu'il n'y en peut auoir. Pour ce qui eft des autres chofes, nous /cations qu'elles ne font pas ainjt abfolu- ment parfaites, pource que, encore que nous y remarquions quel- quefois des propriétés qui nous femblent n'auoir point de limites, nous ne laiffons pas de connoi/îre que cela procède du deffaut de nojlre entendement, & non point de leur nature'.

28. Qu'il ne faut point examiner pour quelle fin Dieu a fait chaque chofe, mais feulement par quel moyen il a voulu qu'elle fuji produite.

Nous ne nous arrefterons pas auffi à examiner les fins que Dieu... s'eft propofé en créant le monde, & nous rejeterons entièrement de noflre Philofophie la recherche des caufes finales : car nous ne deuons pas tant prefumer de nous-mefmes, que de croire que Dieu nous ait voulu faire part de fes confeils; mais, le confiderant comme l'Autheur de toutes chofes, nous tafcherons feulement de trouuer, par la faculté de raifonner qu'il a mife en nous, comment celles que nous apperceuons par l'entremife de nos fens ont pu efire pro- duites; & nous ferons affurez, par ceux de les attributs dont il a voulu que nous ayons quelque connoiffance, que ce que nous aurons me fois apperceu clairement & diftinâement apartenir à la nature de ces chofes, a la perfeâion d'eftre vraj . . .

29. Que Dieu n'ejl point la caufe de nos erreurs.

Et le premier de fes attributs qui fembie deuoir eike icy confi- deré, confilte en ce qu'il eft tres-veritable & la fource de toute lu- mière, de forte | qu'il n'eft pas pofllble qu'il nous trompe, c'eft à 21 dire qu'il foit directement" la caufe des erreurs aufquelles nous fommes fujets & que nous expérimentons en nous-mefmes. Car, encore que l'adreffe à pouuoir tromper fembie eitre vne marque de fubtilité d'efprit entre les hommes, neantmoins jamais la volonté

a. La traduction évite ici les termes techniques J70^i//ve et négative.

b. Latin : proprie ac positive.

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