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lo OEuvREs DE Descartes.

qui raifonne ainfî, en ne pouuant douter de foy-mefme & doutant neantmoins de tout le refte, n'eft pas ce que nous difons eftre noftre corps, mais ce que nous appelions noftre ame ou noftre penfée, j'ay pris Feftre ou l'exiftence de cette penfée pour le premier Prin- 5 cipe, duquel j'ai déduit tres-clairement les fuiuans: à fçauoir qu'il y a vn Dieu, qui eft. autheur de tout ce qui eft au monde, & qui, eftant la fource de toute vé- rité, n'a point créé noftre entendement de telle nature qu'il fe puifte tromper au jugement qu'il fait des chofes lo dont il a vne perception fort claire & fort diftinde. Ce font là tous les Principes dont je me fers touchant les chofes immatérielles ou Metaphyfiques, defquels je déduits tres-clairement ceux des chofes corporelles ou Phyfiques, à fçauoir qu'il y a des corps eftendus t5 en longueur, largeur & profondeur, qui ont diuerfes figures & fe meuuent en diuerfes façons. Voyla, en fomme, tous les Principes dont je déduits la vérité des autres chofes. L'autre raifon qui prouue la clarté des" Principes eft qu'ils ont efté connus de tout temps, 20 & mefme receus pour vrays & indubitables par tous les hommes, excepté feulement l'exiftence de Dieu, (21) qui a efté mife en doute par quelques- vns, à | caufe qu'ils ont trop attribué aux perceptions des fens, & que Dieu ne peut eftre vu ny touché. Mais encore 25 que toutes les veritez que je mets entre mes Principes ayent efté connues de tout temps de tout le monde, il n'y a toutefois eu perfonne jufques à prefent, que je fçache, qui les ait reconnues pour les Principes de la Philofophie, c'eft à dire pour telles qu'on en peut dé- 3o

a. Lire de ces ?

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