Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, IX.djvu/301

Cette page n’a pas encore été corrigée

Principes. — Préface. 5

de la vérité de toutes chofes ; mais on peut dire que les hommes ont plus ou moins de SagefTe, à raifon de ce qu'ils ont plus ou moins de connoiffance des veritez plus importantes. Et je croy qu'il n'y a rien 5 en cecy, dont tous les dodes ne demeurent d'accord, l'aurois en fuite fait confiderer l'vtilité de cette Phi- lofophie, & monftré que, puis qu'elle s'eflend à tout ce que l'efprit humain peut fçauoir, on doit croire que c'efl elle feule qui nous diftingue des plus fau-

10 uages & barbares, & que chaque nation eft d'autant plus ciuilifée & polie que les hommes y philofophent mieux; & ainfi que c'efl le plus grand bien qui puiiTe eflre en vn Eftat, que d'auoir de vrais Philofophes. Et outre cela, que, pour chaque homme en particu-

i5 lier, il n'efl pas feulement vtile de viure auec ceux qui s'appliquent à cet eflude, mais qu'il eu incom- parablement meilleur de s'y appliquer foy-mefme ; comme fans doute il vaut beaucoup mieux fe feruir de fes propres yeux pour fe conduire, & jouir par

20 mefme moyen de \ la beauté des couleurs & de la (12) lumière, que non pas de les auoir fermez & fuiure la conduite d'vn autre ; mais ce dernier efl encore meil- leur, que de les tenir fermez & n'auoir que foy pour fe conduire. C'eft proprement auoir les yeux fermez,

25 fans tafcher jamais de les ouurir, que de viure fans philofopher; & le plaifir de voir toutes les chofes que noftre veuë découure n'efl: point comparable à la fatisfaélion que donne la connoiffance de celles qu'on trouue par la Philofophie ; & enfin cet eflude

3o eft plus neceffaire pour régler nos mœurs, & nous conduire en cette vie, que n'eft l'vfage de nos veux

�� �