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212 OEuVRES DE DeSCARTES.

liure d'Inftances, bien qu elle foit fort femblable aux Tiennes. Plujieurs excellens efprits, difent-ils, croyent voir claii-ement que l'étendue Mathématique, laquelle ie pofc pour le principe de ma Phyfique, nejl rien autre chofc que ma penfce, & qu'elle n'a, ny ne peut auoir, nulle 5 fubjijlencc hors de mon efprit, n'ejîant qu'vne abjlraélion que ie fais du corps Phyjique ; & partant, que toute ma Phyjique ne peut ejlre qu'imaginaire & feinte, comme font toutes les pures Mathématiques ; & que, dans la Phy/ique réelle des chofes que Dieu a créées, il faut vne matière lo ■ réelle, folide, & non imaginaire. Voilà l'objedion des objedions, & labregé de toute la dodrine des excel- lens efprits qui font icy alléguez. Toutes les chofes que nous pouuons entendre & conceuoir, ne font, à leur conte, que des imaginations & des fidions de i5 noflre efprit, qui ne peuuent auoir aucune fubfiftence : d'où il fuit qu'il n'y a rien que ce qu'on ne peut au- cunement entendre, ny concevoir, ou imaginer, qu'on doiue admettre pour vray, c'efi; à dire qu'il faut en- tièrement fermer la porte à la raifon, & fe contenter 20 d'eflre Singe, ou Perroquet, & non plus Homme, pour mériter d'eftre mis au rang de ces excellens efprits. Car, fi les chofes qu'on peut conceuoir doiueni eftre eflimées faufl'es pour cela feul qu'on les peut con- ceuoir, que refte-t-il, finon qu'on doit feulement re- 25 ceuoir pour vrayes celles qu'on ne conçoit pas, Si en compofer fa dodrine, en imitant les autres fans fça- 604 uoir pourquoy on les imite, comme font les Siu'ges, & en ne proférant que des paroles dont on n'entend point le fens, comme font les Perroquets ? Mais iay 3o bien de quoy me confoler, pource. qu'on ioint icy ma

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