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s5o-î5i. Quatrièmes Réponses. 195

l'eau de vie, de l'eau douce, du vinaigre, de la lie ou du tartre, du mélange defquelles le vin eft compofé, & ainfi entre les petites parties des autres corps, & penfer que toutes les petites fuperficies qui terminent ces inteiuales, font partie de la fuperfïcie de chaque corps.

Car certes, ces petites parties de tous les corps ayans diuerfes figures & groffeurs & differens mouuemens, iamais elles ne peuuent eftre fi bien arrangées ny fi iuftement jointes enfemble, qu'il ne refte plufieurs interualles autour d'elles, qui ne font pas neantmoins vuides, m.ais qui font remplis d'air ou de quelque autre matière, comme il s'en voit dans le pain, qui font affez larges & qui peuuent eftre remplis non feulement d'air, mais auffi d'eau, de vin, ou de quelque autre liqueur; & puifque le pain demeure toufiours le mefme, encore que l'air, ou telle autre matière qui eft contenue dans fes pores foit changée, il eft conftant que ces chofes n'apartiennent point à la fubftance du pain, & parjtant, que fa fuperficie n'eft pas 332 celle qui par vn petit circuit l'enuironne tout entier, mais celle qui touche immédiatement chacune de fes petites parties.

Il faut aufii remarquer que cette fuperficie n'eft pas feulement remuée toute entière, lorfque toute lamafl"e du pain eft portée d'vn lieu en vn autre, mais qu'elle eft aufli remuée en partie, lorfque quelques vnes de fes petites parties font agitées par l'air ou par les autres corps qui entrent dans fes pores ; tellement que, s'il y a des corps qui foyeat d'vne telle nature que quelques vnes de leurs parties, ou toutes celles qui les compofent, fe remuent continuel- lement (ce que i'eftime eftre vray de plufieurs parties du pain & de toutes celles du vin), il faudra auflî conceuoir que leur fuperficie eft dans vn continuel mouuement.

Enfin, il faut remarquer que, par la fuperficie du pain ou du vin, ou de quelque autre corps que ce foit, on n'entend pas icy aucune partie de la fubftance, ny mefme de la quantité de ce mefme corps, ny aufii aucunes parties des autres corps qui l'enuironnent, mais feulement ) ce terme que l'on conçoit ejïre moyen entre chacune des particules de ce corps & les coiys qui les enuironnent, & qui n'a point d'autre entité que la modale.

Ainfi, puifque le contad fe fait dans ce feul terme, & que rien n'eft fenty, fi ce n'eft par contad, c'ert vne chofe manifefte que, de cela feul que les | fubftances du pain & du vin font dites eftre tel- 333 lement changées en la fubftance de quelque autre choie, que cette nouuelle fubftance foit contenue precifement fous les mefmes termes fouz qui les autres eftoyent contenucfs, ou qu'elle exifte dans Œuvres. IV. 25

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