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2^°-=-^2. Quatrièmes Réponses. 170

que la feule dilpofition des organes & la continuelle affluence des efpris animaux produis par la chaleur du cœur, qui aienuë & fubti- life le fang; & enfemble nous reconnoiftrons que rien ne nous a cy- deuant donné occaiion de leur en attribuer vn autre, finon que, ne diftinguans pas ces deux principes du mouuement, & voyans que l'vn, qui dépend feulement des efpris animaux & des organes, eft dans I les belles auffi bien que dans nous, nous auons creu inconfide- rément que l'autre^ qui dépend de l'efprit & de la penfée, eftoit aufli en elles.

Et certes, lorfque nous nous fommes perfuadez quelque chofe dez noftre ieunelTe, & que noftre opinion s'eft fortifiée par le temps, quelques raifons qu'on employé aprez cela pour nous en faire voir la fauffeté, ou plutofl: quelque fauffeté que nous remarquions en elle, il eft neantmoins très difficile de l'ofter entièrement de noftre créance, fi nous ne les repaffons fouuent en noftre efprit, & ne nous acoutu- mons ainfi à déraciner peu à peu ce que l'habitude à croire, plutoft que la raifon, auoit profondement graué en noftre efprit.

\ RÉPONSE A VAUTRE PARTIE. 307

DE DIEU.

lufques icy i'ay tâché de refoudre les argumens qui m.'oni efté propofez par Monfieur Arnauld, & me fuis mis en deuoir de fou- tenir tous fes efforts; mais déformais, imitant ceux qui ont à faire à vn trop fort aduerfaire, ie tacheray plutoft d'euiter les coups, que de m'oppofer diredement à leur violence.

Il traitte feulement de trois choies dans cette partie, qui peuuent facilement eftre accordées félon qu'il les entend ; mais ie les prenois en vn autre fens, lorfque ie les ay écrites, lequel fens me femble auffi pouuoir eftre receu comme véritable,

^ La première eft que quelques idées fout matériellement fauffesl c'eft à dire, félon mon fens, qu'elles font telles qu'elles donnent au jugement matière ou occafion d'erreur; mais luy, confiderant les idées prifes formellement, foutient qu'il n'y a en elles aucune fauffeté.

La féconde, que Dieu ejl par Jof pofiliuemenl d- comme par ime caufe, ou i'ay feulement voulu dire que la raifon pour laquelle Dieu n'a befoin d'aucune caufe efficiente pour exifter, eft fondée en vne chûfe pofitiue, à fçauoir, dans l'immenfité mefme | de Dieu, | qui eft 308 la chofe la plus pofitiue qui puiffe eftre ; mais luy, prenant la chofe autrement, prouue que Dieu n'eft point produit par foy-mefme, &

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