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lySîou. Qi-iATRiEMES- Objections. i^^

que des choies qui me font connues ; i'ay reconnu que i'ellois, & ie cherche quel ie fuis, moy que i'ay reconnu cftre. Or il efl très- certain que cette notion & connoilTance de mo3'-meime, ainfi pre- citementlprife, ne dépend point des choies dont l'exiftence ne m'eft 26d pas encore connue.

I Mais, ptiifqu'i! confejle Itii-inefiiw que, par Varginnent qu'il apro- po/é dans fou trailté de la Méthode, p. 84, la chofe en ejl venue feule- ment a ce point, d'exclure tout ce qui ejt corporel de la nature de/on ej'prit, non pas eu égard à la vérité de la choie, mais feulement fui- uant l'ordre de fa penfée & de l'on raifonnement (en telle forte que l'on fens eftoit, qu'il ne connoillbit rien qu'il fceull appartenir à fon effence, linon qu'il eltoit vne chofe qui penfe), il ejl euident, par cette réponfe, que la difpute en ejl encore aux nie fuies termes, & partant, que la que/lion, dont il nous promet la Joliition, demeure encore en fon entier : àfçauoir, comment, de ce qu'il ne connoifl rien autre chofe qui appartienne à fon effence {finon qu'il efl vne chofe qui penfe), il s'enfuit qu'il n'y a aufïi rien autre chofe qui en effect lu}' appartienne. Ce que toutes-fois ie n\ij peu décuuurir dans toute l'étendue de la

féconde Méditation, tant i'aj- l'cfprit pefant & grojjier. Mais, autant que ie le puis conieâurer. il en vient à la prenne dans la Jixiéme, pource qu'il a creii qu'elle dépendoit de la connoiffance claire & diflincîe de Dieu, qu'il ne s'ejloil pas encore acquife dans la féconde Méditation. Voicj- donc comment il prouiie & décide cette dijfictdlé. Pource, dit-il, que ie fçay que toutes les chofes que ie conçov clairement & dilfindement peuuent eftre produites par Dieu telles que ie les conçoy, il fuffit que ie puilTe con|ceuoir clairement & 262 dillincfement vne chofe fans vne autre, pour eflre certain que l'vne ell diltincte ou différente de l'autre, parce qu'elles peuuent eitre pofées feparement, au moins par la toute puilfance de Dieu; & il n'importe pas par quelle puilfance cette feparation fe faffe pour m'o- bliger à les iuger différentes. Doncques, pource que, d'vn collé, i'ay vne claire & dillincle idée de moy-mefme, en tant que ie fuis feule- ment vne chofe qui penfe & non étendue ; & que, d'vn autre, i'ay vne idée diltincte du corps, en tant qu'il elt feulement vne chofe étendue & qui ne penfe point, il elt certain que ce moy, c'ell à dire mon ame, par laquelle ie fuis ce que ie fuis, elt entièrement &: véri- tablement diflincle de mon corps, | & qu'elle peut eftre ou exilfer fans luy, en forte qu'encore qu'il ne fuit point, elle ne lairroit pas d'eftre tout ce qu'elle elt.

II faut icy s'aréter vn peu, car il me femble que dans ce peu de paroles confijle tout le nœud de la difficulté.

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