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14^ OEuvRES DE Descartes.

��187-188.

��des chofes pqffees, eu raifonnant de cette forte : Il a fait ainfi ; donc il a peu faire ainfi ; donc, tant ju' il fera, il poura encore faire ainfi, c'eft à dire il en a la puijfance. Or toutes ces chofes font des idées qui peuuent venir des obiets extérieurs.

Créateur de toutes les chofes qui font au monde. le puis former quelque image de la création par le mojen des chofes que i\ij' veuës, par exemple, de ce que i'ay veu vn homme naijfant, & qui efl paruenu, d'vne pelitejfe prejque inconceuable, à la forme & grandeur qu'il a maintenant ; & perfonne. à mon aiiis, n'a d'autre idée à ce nom de Créateur; mais il ne fuffit pas, pour prouiier la création, que nous puiffions imaginer le monde créé.

244 I C'ejt pourquof, encore qu'on eufî démontré qurn eftre infini, indé- pendant, tout-puilTant, &c., exifle, il ne s'enfuit pas neantmoins qu'rn créateur exifle, fi ce n'efl que quelqu'vn penfe qu'on infère fort bien, de ce que quelque chofe exifle, laquelle nous croyons auoir créé toutes les autres chofes, que pour cela le monde a autrefois cfîé créé par elle.

Dauantage, oit il dit que l'idée de Dieu & de noflre atne \ efl née & ref dente en nous, ie voudrois bien fçauoir fi les âmes de ceux-là penfent, qui dorment profondement &fans aucune réuerie. Si elles ne penfent point, elles n'ont alors aucunes idées; £■ partant, il n'y a point d'idée qui foi l née & refidante en nous, car ce qui ejt né & r'efidant en nous, ejl loufiours prefent à noftre penfée.

Réponse.

Aucune cliofe, de celles que nous attribuons à Dieu, ne peut venir des obiets extérieurs comme d'vne caufe exemplaire : car il n'y a rien en Dieu de femblable aux choies extérieures, c'eft à dire aux chofes corporelles. Or il efl manifeite que tout ce que nous conce- uons eftre en Dieu de diffemblable aux chofes extérieures, ne peut venir en noftre penfée par l'entremile de ces mefmes chofes, mais feulement par celle de la caufe de cette diuerfité, c'eft à dire de Dieu.

Et ie demande icy de quelle façon ce philofophe tire l'intelledion

245 de Dieu des choies extérieures ; | car, pour moy, l'explique aifement quelle eft l'idée que l'en ay, en difant que, par le mot d'idée, i'entens tout ce qui eft la forme de quelque perception; car qui eft celuy qui conçoit quelque chofe, qui ne s'en aperçoiue, & partant, qui n'ait cette forme ou idée de l'intelleclion, laquelle étendant à l'infini, il forme l'idée de l'intellection diuine .? Et ainfi des autres attributs de Dieu.

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