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IX
Avertissement.

dans son « Avertissement »[1], et que, comparant sa propre traduction avec celle du jeune duc, il préférait naturellement la sienne. De là de nombreuses variantes, de la première édition à la seconde, plus nombreuses, et cela se comprend, pour les Méditations que pour les Objections et Réponses : dans le premier cas, Clerselier corrigeait le duc de Luynes ; dans le second, il se corrigeait lui-même. Mais, et c’est là l’essentiel pour la présente édition. Descartes n’eut pas à se prononcer sur ces corrections de Clerselier : elles sont, en effet, postérieures à la traduction publiée en 1647, la seule dont le philosophe ait eu au préalable entre les mains une copie manuscrite. C’est donc bien celle-ci seulement qui doit faire autorité. Peu importe que Clerselier l’ait jugée ensuite imparfaite, et l’ait remaniée ! Peu importe que nous-mêmes aujourd’hui nous y relevions bien des négligences ou des erreurs ! Elle garde sur les éditions suivantes, de 1661 et de 1673, l’avantage d’avoir été vue par Descartes, et acceptée et agréée par lui. D’ailleurs n’est-il pas intéressant de voir quelle est la traduction dont s’est contenté le philosophe, et qui lui a paru suffisante ? Les remaniements de Clerselier peuvent avoir leur intérêt, mais, par exemple, dans une étude sur Clerselier lui-même, considéré comme traducteur de Descartes, ou bien encore pour l’histoire du cartésianisme après Descartes ; ils ne nous intéressent en rien, pour l’établissement du texte tel que le philosophe l’a jugé bon, ce qui est la seule chose que nous devons avoir ici en vue. Conclusion : nous donnerons, dans le présent volume, pour toutes les pièces dont nous retenons la traduction, le texte de la pre-

  1. Voir ci-après, p. 200, I. 5. — C’est sans doute ce qui a fait dire à René Fédé, dans la Préface de la troisième édition, en 1673 : « La Traduction eſt la meſme qui a paru iuſques-icy ; elle a eſté fort approuuée, & il ſeroit malaiſé d’en donner vne meilleure & vne plus fidelle. Il ſuffit d’aduertir, pour en faire porter vn iugement auantageux, qu’elle a eſté veuë par Monſieur Des-Cartes, & qu'elle eſt preſque toute de Monſieur Clerſelier. » En fait, l’édition de 1673 n’apporte que de très légers changements au texte de la seconde.