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��OEuvRES DE Descartes.

��172-173.

��la gloire que ie les ay raportées, mais ie penle n'auoir pas c(lé moins obligé de les expliquer, qu'vn Médecin de décrire la maladie dont il a entrepris d'enfeigner la cure.

��222

��\ OBJECTION SECONDE.

��Sur la Seconde Méditation.

De la nature de l'efpn't humain.

��223

��le fuis vne chofe qui penfe. C'ejl fort bien dit ; car, de ce que ie penje, ou de ce que i'aj- vne idée, foit en reillant,foii en dormant, l'on infère que ie fuis penfant : car ces deux cliofes, le penfe & ie fuis peni'ant, fgnifeut la niefme chofe. De ce que ie fuis penfant, il s'enfuit que ie (ms, parce que ce qui penfe n'ejl pas vn rien. Mais oii nojlre auteur adjoujle : c'eft à dire vn efprit, vne ame, vn entendement, vne raifon, de là naijl vn doute. Car ce raifonnement ne me femble pas bien déduit, de dire : ie fuis penfant, donc ie fuis vne penfée ; ou bien ie fuis intelligent, donc ie fuis vn entendement. Carde la mefme façon ie pourois dire : ie fuis promenant, donc ie fuis vne prome- nade. Monfieur des Cartes donc prend la chofe intelligente & l'intel- leélion, qui en ejl l'aâe,pour vne mefme chofe; ou du moins il dit que c'ejl le mefme que la chofe qui entend & l'entendement, qui ejl vne puijfance ou faculté d'vne chofe intelligente. Neantmoins tous les Phi- lofophes diflinguent le fujet de fes facultei & defes aâes, c'eft à dire de fes propriele\& .ie fes\effences; car c ejl autre chofe que la chofe mefme qui ell, & autre chofe que [on eflence. // fe peut donc faire qu'vne chofe qui penfe \ foit le fujet de l'efprit, de la raifon, ou de l'entendement, & partant, que ce foit quelque chofe de corporel, dont le contraire ejl pris, ou auancé, & n'ejl pas prouué. Et neantmoins c'ejl en cela que confifte le fondement de la conclujîon qu'il J'emble que Monjieur Des-Cartes l'eiiille ejlablir.

Au mefme endroit il dit : l'ay reconnu que i'exilte, ie cherche maintenant qui ie fuis, moy que i'ay reconnu eftre. Or il ell très- certain que cette notion & connoiffance de moy-mefme, ainfi preci- fément prife, ne dépend point des chofes dont l'exilknce ne m'eil pas encore connue.

Il ejl très-certain que la connoiffance de cette propofition : i'exille, dépend de celle-cf : ie penfe, comme il nous a fort bien enfeigné. Mais d'oii nous vient la connoiffance de celle-cy : ie penfe ? Certes, ce n'efi point d'autre chofe, que de ce que nous ne pouuons conceuoir aucun acte fans fou fujet, comme la penjee J'ans vne choj'e qui penfe, lafciencefans vne ch(fe qui f cache, & la promenade fans vne chofe qui fe promené.

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