Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, IX.djvu/153

Cette page n’a pas encore été corrigée

i63-i65. Secondes Réponses. 127

euident, fans autre preuue, qu'il leur eft manifefle | que deux eft vn nombre pair, & que trois eft vn nombre impair, & choies lem- blables. Car il y a des chofes qui font ainfi connues fans preuues par quelques-vns, que d'autres n'entendent que par vn long dif- cours & raifonnement.

En Jixiéme lieu, que, confiderant auec loin tous les exemples d'vne claire & diftinde perception, & tous ceux dont la perception eft obfcure & confufe, defquels i'ay parlé dans mes Méditations, ils s'accoutument à diftinguer les chofes qui font clairement connues, de celles qui font obfcures ; car cela s'aprend mieux par des exemples que par des règles, & ie penfe qu'on n'en peut donner aucun exemple, dont ie n'aye touché quelque chofe.

En feptiéme lieu, ie demande que les ledeurs, prenans garde qu'ils n'ont iamais reconnu aucune faufl'eté dans les chofes qu'ils ont clairement conceuës, & qu'au contraire ils n'ont iamais ren- contré, fmon par hazard, aucune vérité dans les choies qu'ils n'ont conceuës qu'auec obfcurité, ils confiderent que ce feroit vne chofe entièrement déraifonnable, fi, pour quelques préjugez des fens, ou pour quelques fupofitions faites à plaifir, & fondées fur quelque cho|fe d'obfcur & d'inconnu, ils reuoquoient en doute les chofes 211 que l'entendement conçoit clairement & diftindement. Au moyen de quoy ils adinettront facilement les Axiomes iuiuans pour vrays & indubitables, bien que j'auouë que plufieurs d'entr'eux euifent pu eftre mieux expliquez, & eufl'ent deu eftre plutoft propofez comme des théorèmes que comme des axiomes, fi i'euffe voulu eftre plus exad.

Axiomes ou Notions communes.

I. Il n'y a aucune chofe exiftante de laquelle on ne puiffe deman- der quelle eft la caufe pourquoy elle exifte. Car cela mefme fe peut demander de Dieu ;| non qu'il ait befoin d'aucune caule pourexif- ter, mais parce que l'immenfité mefme de fa nature eft la caufe ou la raifon pour laquelle il n'a befoin d'aucune caufe pour exifter.

IL Le temps prefent ne dépend point de celuy qui l'a immé- diatement précédé ; c'eft pourquoy il n'eft pas befoin d'vne moindre caufe pour conferuer vne chofe, que pour la produire la première fois.

III. Aucune chofe, ny aucune perfedion de cette chofe aduclle- mcnt exiftante, ne peut auoir le Néant, ou vne chofe non exiftante, pour la caufe de Ion exiftence.

�� �