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i38-i39. Secondes Réponses,

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��contre chez les Philofophes vne plus grande diuerfité | d'opinions, 179 qu'il ne s'en rencontre touchant celle de Dieu.

Et certes iamais les hommes ne pouroient s'éloigner de la vraye connoiflance de cette nature diuine, s'ils vouloient feulement porter leur attention fur l'idée qu'ils ont de l'eftre fouuerainement parfait. Mais ceux qui méfient quelques autres idées auec celle-là, compofent par ce moyen vn Dieu chimérique, en la nature duquel il y a des chofes qui fe contrarient ; &, après l'auoir ainfi compofé, ce n'eft pas merueille s'ils nient qu'vn tel Dieu, qui leur eft reprefenté par vne fauffe idée, exifte. Ainfi, lorfque vous parlez icy d'j'ii ejire corporel tres-par-fait, fi vous prenez le nom de tres-parfait abfolument, en forte que vous entendiez que le corps ell vn élire dans lequel fe rencontrent toutes les perfections, vous dites des chofes qui fe con- trarient : d'autant que la nature du corps enferme plufieurs imper- fedions,par exemple, que le corps foit diuifible en parties, que chacune de fes parties ne foit pas l'autre, & autres femblables ; car c'eft vne chofe de foy manifefte, que c'eft vne plus grande perfettion de ne pouuoir eftre diuifé, que de le pouuoir eflre, &c.' Que fi vous entendez feulement ce qui ell tres-parfait dans le genre de corps, cela n'ed point le vray Dieu.

Ce que vous adjouftez de l'idée d'vn Ange, laquelle ejt plus par- faite que nous, \ à fçauoir, qu'il n'eft pas befoin qu'elle ait ejlé mife en nous par vn Ange, l'en demeure aifémént d'accord ; car i'ay défia dit moy-|mefme, dans la.troifiéme Méditation, qu'elle peut ejtre corn- 180 pofée des idées que nous auons de Dieu & de Vhomme. Et cela ne m'eft en aucune façon contraire.

Quant à ceux qui nient d'auoir en eux l'idée de Dieu, & qui au lieu d'elle forgent quelque Idole, &c., ceux-là, dis-je, nient le nom, & accordent la chofe. Car certainement ie ne penfe pas que cette idée foit de mefme nature que les images des chofes matérielles dépeintes en la fantaifie ; mais, au contraire, ie croy qu'elle ne peut eftre conceuë que par le feul entendement, & qu'en effet elle n'eft rien autre chofe que ce qu'il nous en fait connoiftre, foit par la première, foit par la féconde, foit par la troifiéme de fes opérations. Et ie pretens maintenir que, de cela feul que quelque perfedion, qui eft au-deffus de moy, dénient l'objet de mon entendement, en quelque façon que ce foit qu'elle fe prefente à luy : par exemple, de cela feul que i'aperçoy que ie ne puis iamais, en nombrant, arriuer au plus grand de tous les nombres, & que de là ie connois qu'il y a quelque

a. « &c » omis {i édil.).

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