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8o OEuvREs DE Descartes.

��yg-ioi.

��tidleiuent ces deux parties, àfçauoir, lion & l'exijtence ; car fi vous o/?q l'vne ou l'autre, ce ne fera plus le me/me compofd. Maintenant Dieu n'a-t-il pas de toute cternité connu clairement & dijl in clément ce compofé? Et l'idée de ce compofé, en tant que tel, n'enferme-l-elle pas effenliellemenl l'vne il- l'autre de ces parties? c'e/l à dire l'exi- jtence n'ejt-elle pas de l'effencc de ce \ compofé ïion exi liant? Et neaut- moins la dijlincle connoij/a)ice que Dieu a eue de toute éternité, ne fait pas neceffairement que l'vne ou l'autre partie de ce compofé foit, Ji on ne fupofe que tout ce compofé e/l aâuellement; car alors il enfermera & contiendra en foj- toutes fes perfeâions ejfentielles , & partant aujji l'exijîence aâuelle. De mefme, encore que ie connoiffe clairement & di/tinclement l'e/lre fouuerain, <!:'• encore que l'ejtre fouuerainement parfait dans fon concept eJJ'entiel enferme l'exijîence, neantmoins il ne s'eifuit pas que cette exijlence foit aâuellement quelque citofe, Ji vous ne fupofe ^ que cet ejlre fouuerain exijîe ; car 128 alors, auec toutes fes autres perfeâions, \ il enfermera auJJi aâuel- lement celle de l'exijîence ; à'- ainfi il faut prouuer d'ailleurs que cet eJlre J'ouuerainement parfait exiJle.

l'en diraj peu touchant l'exijîence de l'ame & Ja dijîinâion réelle d'auec le corps ; car ie confejfe que ce grand efprit m'a defia telle- meut fatigué, qu'au delà ie ne puis quaft plus rien. S'il y a vne dijîinâion entre l'ame il- le corps, il femble la prouuer de ce que ces deux chofes peuuent eJlre conceuës dijîinâement £■ feparément l'vne de l'autre. Et fur cela ie mets ce Jçauant homme aux prifes auec Scot, qui dit qu'afn qu'vne chofe foit conceuë dijîinâement & fepa- rément d'rne autre, il Juffil qu'il y ait entre elles vne diftinâion, qu'il appelle ioïvntWe. à- obieftiue. laquelle il met entre la diftinftion réelle (S- celle de railon ; é- c'eji ainfi qu'il dijîingue la iujîice de Dieu d'auec fa mifericorde ; car elles ont, dit-il, auant aucune opération de l'entendement, des raifons formelles différentes, en forte que l'vne n'ert pas l'autre ; & neantmoins ce feroit vne mauuaife conl'e- quence de dire : la iullice peut eltre conceuë feparément d'auec la mifericorde, donc elle peut auffi exifter feparément. Mais ie ne vof pas que i'ay defia pajfé les bornes d'rne lettre.

Voilà, MeJJieurs, les chofes que i'aiiois à dire touchant ce que vous m'aue\ propofé ; c'ejî à vous maintenant d'en ejîre les luges. Si vous prononce^ en ma faueur, \ il ne fera pas mal-aifé d'obliger M' Des- Cartes à ne me vouloir point de mal, fi ie luf ay vu peu contredit; que fi vous eftes pour luy, ie donne dés à prefent les mains, & me confejfe vaincu, d- et' d'autant plus volontiers que ie craindrois de l'ejlre encore vne autre fois. Adieu.

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