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��OEuvRES DE Descartes. 97-98.

��la raifon precife de fon ejlrc, car aiiiji il e/l injînf & nous ejî in- connu, lefçay que Monficur Des-Cartes refpondr a facilement à celuy qui l'interrogera de la forte ; ie croy neantmoins que les chofes que i'allegue icj-, feulement par forme d'entretien & d'exercice, feront

i24 qu'il fe rejfouuiendra de | ce que dit Boëcc, qu'il y a certaines no- tions communes, qui ne peuuent eftre connues fans preuue que par les fçauans ; de forte qu'il ne fe faut pas fort ejïonner, fi ceux-là interrogent beaucoup, qui défirent fçauoir plus que les autres, & s'ils s'arrejlent long-temps à conftderer ce qu'ils fçave7it auoir efé dit & auancd, comme le premier & principal fondement de toute l'affaire, & que neantmoins ils ne peuuent entendre fans vue longue recherche & l'ne très-grande attention d'efprit. ■

Mais demeurons d'accord de ce principe, & fupofons que quel- qu'un ait l'idée claire & diftincle d'vn ejïre fouuerain & fouuerai- nement parfait : que prétendez-vous inférer de là ? C'efï à fçauoir, que cet eftre infiny exijle, & cela Ji certainement, que ie dois eftre au moins auffi affuré de l'exiftence de Dieu, que ie l'ay efté iufques icy de la vérité des demonflrations Mathématiques ; en forte qu'il n'y a pas moins de répugnance de conceuoir vn Dieu (c'eft à dire vn eftre fouuerainement parfait) auquel manque l'exiftence (c'eft à dire auquel manque quelque perfection), que de conceuoir vne montagne qui n'ait point de valée. C'ejl icy le nœud de toute la quejtion : qui cède à prefenl, il faut qu'il fc confejje vaincu; pour moj', qui ay à faire auec vn puifanl aduerfaire, il faut que i'ef- quiue vn peu, afin qu'ayant à e/lrc vaincu, \ ie difere, au moins pour quelque temps, ce que ie ne puis cuilcr.

Et premièrement encore que nous n'agijjions pas icy par aut-o-

125 rite, mais feulement par raifon, neant\moins, de peur qu'il ne femble que ie me veiiille oppofer fans fujct à ce grand efprit, écoute\ plufiqft Saint Thomas, qui fe fait à foy-mefme celte objeâion : Aufti-toft qu'on a compris & entendu ce que fignifie ce nom Dieu on fçait que Dieu eft; car, par ce nom, on entend vne chofe telle, que rien de plus grand ne peut eftre conccu. Or ce qui eft dans l'entendement & en effet, eft plus grand que ce qui eft feulement dans l'entendement. C'eft pourquoy, puifque, ce nom Dieu eftant entendu, Dieu eft dans l'entendement, il s'enfuit auftl qu'il eft en effet. Lequel argument ie reus ainf en forme : Dieu eft ce qui eft tel que rien de plus grand ne peut eftre conccu ; mais ce qui eft tel que rien de plus grand ne peut eftre conccu enferme l'exiftence ; doncques Dieu, par fon nom ou par fou concept, enfeime l'exiftence; & parlant il ne peut eftre, ni eftre conccu fans exijlence. Mainlenanl, diles-moj-.

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