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CCCXXX. — }o Novembre 164}. $$

nuifent, & ie n'efcris point cecv pour diminuer l'obli- gation que i'ay a ceux qui m'ont fait la faueurde s'em- ployer pour moy ; au contraire, ie l'eflime d'autant plus grande, que ie vois que ceux qui me vouloyent 5 nuire, font plus animez contre mov, & ie n'euflé ofé rien efperer de li auantageux que d'eftre ainfi tiré, a haute lutte, hors de Jeurs mains par les deux princi- paux membres de leur Eftat.

Ie a ne fuis pas marry auify, que cette occalion m'ait

10 fait employer beaucoup de perfonnes : c'eft a faire a ceux qui font d'humeur ingrate, de craindre d'eftre obligés a quelqu'vn ; pour moy, qui penfe que le plus grand contentement qui foitau monde eft d'obliger, ie ferois quafi afTez infolent pour dire a mes amis, qu'ils

i5 me doiuent du retour, lorfque ie leur ay donné occa- fion de le receuoir, en me laiflant obliger par eux. Mais furtout ie penfe auoir beaucoup gagné en ma querelle, pour ce quelle eft caufe que i'ay l'honneur d'eftre connu de fon Alteffe, & de luy auoir de très

20 grandes obligations ; car enfin, c'eft a fa feule faueur que ie doy maintenant ma feureté & mon repos, qui font les biens que i'eftime le plus au monde. Tout ce que M' s les Députez ont fait n'a efté qu'a fa confidera- tion ; & ie m'afleure que vous mefme, bien que ie ne

2 5 doute nullement de l'affeftion que vous m'auez tou- iours tefmoignée, n'auriez ofé iamais tant faire pour moy, fi vous n'auiez iugé que fon Altefle ne l'auroit pas defagreable. Enfin, comme ie croy que M rs du Vroetfehap d'Vtrecht me veulent <du mal>, a caufe

a. On trouve un deuxième alinéa semblable dans une autre lettre de Descaries (Clers., t. II, p. 159).

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