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i, ,,4-m.s. CDLXVIII. — i er Fkvrfkr 1647. 611

nition, & que ie ne fçay point d'autre définition de l'amour, finon qu'elle eft vne paffion qui nous fait joindre de volonté à quelque obiet, fans diftinguer fi cet obiet eft égal, ou plus grand, ou moindre que nous,

5 il me femble que, pour parler leur langue, ie dois dire qu'on peut aimer Dieu.

Et fi ie vous demandois. en confeience. fi vous n'ai- mez point cette grande Reine, auprès de laquelle vous elles à prefent, vous auriez beau dire que vous n'auez

10 pour elle que du refped. de la vénération & de 1 eton- ncment, ie ne lairrois pas de iuger que vous auez aufli vne tres-ardente afîedion.Car voftre ftile coule fi bien, quand vous parlez d'elle, que. bien que ie croye tout ce que vous en dites, pource que ie fçay que vous elles

1 5 tres-veritable & que L'en ay aufïi ou y parler a d'autres '. ie ne croy pas neantmoins que vous la peuffiez dé- erire comme vous faites, li vous n'auiez beaucoup de zèle, ny que vous puiffiez eftre auprès d vne Ci grande lumière fans en receuoir de la chaleur.

20 Et tant s'en faut que l'amour que nous auons pour les obiets qui font au dellus de nous, foit moindre que celle que nous auons pour les autres; ie croy que, de fa nature, elle eft plus parfaite, & qu'elle fait qu'on embraffe auec plus d'ardeur les interefts de ce qu'on

25 aime. Car la nature de l'amour eft de faire qu'on fe conlîderc auec l'obiet aimé comme vn tout dont on n'eft qu'vne partie, Ov qu'on transfère tellement les foins qu'on a coutume d'auoir pour foy-mefme'à la conferuation de ce tout, qu'on n'en retienne pour foy

3o en particulier qu'vne partie aufii grande ou au fil petite

a. M. de la Thuillerie, par exemple. Voir ci-avant, p. 53?. 1. 2^.

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