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492 Correspondance. i, ssôô.

Au refte, ie ne fuis pas auffi de l'opinion de cet Au- teur, en ce qu'il dit en fa Préface : Que, comme il faut efire dans la plaine, pour mieux voir la figure des mon- tagnes, lors qu'on en veut tirer le crayon, ainfi on doit ejlre de condition priuée, pour bien connoijlre l'office 5 dvn Prince *. Car le crayon ne reprefente que les chofes qui fe voyent de loin ; mais les principaux motifs des a&ions des Princes font fouuent des cir- conftances fi particulières, que, fi ce n'eft qu'on foit Prince fov-mefme, ou bien qu'on ait elle fort long- 10 temps participant de leurs fecrets, on ne les fçauroit imaginer.

C'eft pourquoy ie meriterois d'eftie mocqué, fi ie penfois pouuoir enfeigner quelque chofe à voftre Al- teffe en cette matière; aufli n'eft-ce pas mon deffein, i5 mais feulement de faire que mes lettres luy donnent quelque forte de diuertiffement, qui foit différent de ceux que ie m'imagine qu'elle a en fon voyage, lequel ie luy fouhaite parfaitement heureux : comme fans doute il le fera, fi voftre Alteffe fe refout de pratiquer 20 ces maximes qui enfeignent que la félicité dvn chacun dépend de luy-mefme, & qu'il faut tellement fe tenir hors de l'empire de la Fortune, que, bien qu'on ne perde pas les occafions de retenir les auantages qu'elle peut donner, on ne penfe pas toutesfois eftre malheu- 2 5 reux, lors qu'elle les refufe; & pource qu'en toutes les affaires du monde il y a quantité de raifons pour & contre, qu'on s'arrefte principalement à confiderer celles qui feruent à faire qu'on approuue les chofes qu'on voit arriuer. Tout ce que i'eftime le plus inéui- 3o table font les maladies du corps, defquelles ie prie

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