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1,44-4^. CDXXXII. — Mai 1646. 407

Madame,

le reconnois, par expérience, que i'ày eu raifon de mettre la gloire au nombre des paffions a ; car ie ne puis m'empefcher d'en eftre touché, en voyant le fa- 5 uorable iugement que fait voftre Altefle du petit traité que i'en ay écrit. Et ie ne fuis nullement furpris de ce qu'elle y remarque auffi des défauts, pource que ie n'ay point douté qu'il n'y en euft en grand nombre, eflant vne matière que ie n'auois iamais cy-deuant

10 étudiée, & dont ie n'ay fait que tirer le premier crayon, fans y adiouter les couleurs & les ornemens qui feroient requis pour la faire paroiftre à des yeux moins clair- voy ans que ceux de voftre Alteffe.

le n'y ay pas mis auffi tous les principes de Phy-

i5 fique dont ie me fuis feruy pour déchifrer quels font les mouuemens du fang qui accompagnent chaque paffion, pource que ie ne les fçaurois bien déduire fans expliquer | la formation de toutes les parties du corps humain; & c'eft vne chofe fi difficile que ie ne

20 l'oferois encore entreprendre, bien que ie me fois à peu prés fatisfait moy-mefme touchant la vérité des principes que i'ay fuppofez en cet écrit. Dont les prin- cipaux font : que l'office du foye & de la rate eft de contenir touûours du fang de referue, moins purifié

25 que celuy qui eft dans les venes; & que le feu qui eft dans le cœur a befoin d'eftre continuellement entre- tenu, ou bien par le fuc des viandes, qui vient directe- ment de l'eftomac, ou bien, à fon défaut, par ce fang qui eft en referue, à caufe que l'autre fang, qui eft

a. Traité des Passions, art. 204.

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