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j^2 Correspondance. i, ! 9-4o.

gement; car, comme en toutes les autres affaires, tou- chant lefquelles il y a diuers partis, il eft impoflïble de plaire aux vns, fans déplaire aux autres. S'ils con- fiderent qu'ils ne feroient pas de la Religion dont ils font, fi eux, ou leurs pères, ou leurs ayeuls n'auoient 5 quitté la Romaine, ils n'auront pas fuiet de fe moc- quer, ni de nommer inconftans ceux qui quitent la leur.

Pour ce qui regarde la prudence du fiecle, il eft vray que ceux qui ont la fortune chez eux, ont raifon >o de demeurer tous autour d'elle, & de ioindre leurs forces enfemble pour empefcher qu'elle n'échape ; mais ceux de la maifon defquels elle eft fugitiue, ne font, ce me femble, point mal de s'accorder à fuiure diuers chemins, afin que, s'ils ne la peuuent trouuer '5 tous, il y en ait au moins quelqu'vn qui la rencontre. Et cependant, pource qu'on croit que chacun d'eux a plufieurs refources, ayant des amis en diuers partis, cela les rend plus confiderables, que s'ils eftoient tous engagez dans vn feul. Ce qui m'empefche de pouuoir 20 imaginer que ceux qui ont efté autheurs de ce confeil, ayent en cela voulu nuire à voftre Maifon. Mais ie ne prétens point que mes raifons puiffent empefcher le reffentiment de voftre AltefTe ; i'efpere feulement que le temps l'aura diminué, auant que cette lettre vous *5 foit prefentée, & ie craindrois de le rafraifchir, fi ie m'étendois dauantage fur ce fuiet.

C'eft pourquoy ie parle à la difficulté que voftre AltefTe propofe touchant le libre arbitre 3 , duquel ie tafcheray d'expliquer la dépendance &. la liberté par 3o

a. Voir ci-avant p. ?36, 1. 14.

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