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îio Correspondance. i, 3o-3i.

paffions, affin de les pouuoir définir; ce qui me fera icy plus ayfé, que fi i'écriuois a quelque autre; car voftre Alteffe ayant pris la peine de lire le traité que i'ay autrefois esbauché, touchant la nature des ani- maux*, vous fçauez défia comment ie conçoy que fe 5 forment diuerfes impreffions dans leur cerueau, les vnes par les obiets extérieurs qui meuuent les fens, les autres par les difpofitions intérieures du cors, ou par les veftiges des impreffions précédentes qui font demeurées en la mémoire, ou par l'agitation des 'o efprits qui vienent du cœur, ou aufly en l'homme par l'adion de Famé, laquelle a quelque force pour chan- ger les impreffions qui font dans le cerueau, comme, réciproquement, ces impreffions ont la force d'exciter en l'ame des penfées qui ne dépendent point de fa vo- '5 lonté. En fuite de quoy, on peut généralement nom- mer paffions toutes les penfées qui font ainfy ex- citées en l'ame fans le concours de fa volonté, & par confequent, fans aucune adion qui viene d'elle, par les feules impreffions qui font dans le cerueau, car 20 tout ce qui n'efl point adion eft paffion. Mais on reftraint ordinairement ce nom aux penfées qui font caufées par quelque particulière agitation des efprits. Car celles qui vienent des obiets extérieurs, ou bien des difpofitions intérieures du cors, comme la percep- * 5 tion des couleurs, des fons, des odeurs, la faim, la foif, la douleur & femblables, fe nomment des fenti-

1 1 après auii'y] & cela ajoute. thèse. — 27 après &] autres — 18-19 &••• d'elle pareit- ajouté.

a. Voir ci-avant, p. 247, C.

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