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» subiecr de se plaindre de ce que Messieurs d’Vtrecht viennent de publier » a son égard ; au contraire, que c’est M. Voetius qui en doibt estre moins » satisfait, parce qu’au lieu de défendre brusquement la lecture d’vn Lare » qui le blasme, ce qu’vn ministre de sa considération eust bien obtenu » ailleurs, ils ne font qu’assurer la libre entrée et sortie a l’auteur, pour >. en venir vérifier les assertions. Par où ceux de ladite Ville, se portans » aueq modération, non pour parties, mais pour iuges, et ainsi s’offrans » a rendre iustice, qui est tout ce qu’on peut attendre d’eux, il importe » que M. Descartes se garde de songera quelqu’autre tribunal, comme si » iustice luy eust este refusée par la Ville ; ce qui n’est point iusques ores, a parce qu’il ne la luy a iamais demandée ; vn magistrat ne pouuant » faire reflexion sur des liures imprimés, qui ne se sont adressés qu’aux » lecteurs. ■•

« Ensuite l’on estime que, pour preuenir les effets de la contumace, il est temps que M. Descartes leur demande cette iusace par Requeste formelle et directe, dans laquelle, tesmoignant aueq modestie le desplaisir qu’il a eu de voir son nom en affiche publique, il recite nuement, comme, s’estant veu courru sus, calomnié et descrié par M. Voetius, en tant qu’Athée, et enseignant l’Atheisme soubs main, (a ne parler d’autres medisances de moins d’importance, au lieu des remontrances que la charité et la vocation dudit M. Voetius lui deuoient faire preferer a toute autre procedure), il a creu se debuoir la satisfaction de faire cognoistre au monde et la fausseté de ceste accusation, comme de la plus atroce iniure qui puisse estre faicte a vn Gentilhomme Chrestien, et les qualités de son accusateur deduictes aueq verité en deux Epistres qu’il en faict imprimer expres ; defense et recrimination de laquelle voyant que leurs Seigneuries auroyent aggreable de veoir la verification plus circonstanciée, qu’il les remercie de l’oreille impartiale qu’ils semblent luy garder, et s’offre, en obeissant a leur bon plaisir, quoy que non subiect à leur iurisdiction, de prouuer, par le menu et iusqu’a l’entière satisfaction de tout homme raisonnable, telles positions desdites espitres qu’il leur plaira luy en noter, a condition qu’en mesme temps soit enioinct a sa partie de prouuer semblablement le subiect desdites accusations intentées contre luy par aggression violente ; a ce que, le tout veu et examiné, iustice soit rendue ainsi que de droict le trouuera conuenir. »

« Ceste Requeste, agencée de plus beau langage qu on n’a loysir d’y employer presentement, deburoit estre tournée en bon flamand, et presentée par mains de quelque bien habile Aduocat de la Religion, qui, au besoin, fust capable de la seconder de bouche, tant en publiq qu’en particulier, aupres des plus considerables du Magistrat, aueq toute vigueur, franchise et generosité, en excusant la non comparition de son maistre, sur ce que, comme personne des long temps retirée dans la vie contemplatiue, il n’entend aucunement la routine du Barreau, et en suitte s’est trouué obligé d’occuper par Aduocat et procureur. »