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i,i5-i6. CCCXCIX. — 18 Août 1645. 275

le remarque, premièrement, qu'il y a de la diffé- rence entre la béatitude, le fouuerain bien & la dernière fin ou le but auquel doiuent tendre nos actions : car la béatitude n'eft pas le fouuerain 5 bien; mais elle le prefuppofe, & elle eft le conten- tement ou la fatisfaction d'efprit qui vient de ce qu'on le poffede. Mais, par la fin de nos actions, on peut entendre l'vn' & l'autre ; car le fouuerain bien eft fans doute la chofe que nous nous deuons

10 propofer pour but en toutes nos actions, & le con- tentement d'efprit qui en reuient, eftant l'attrait qui fait que nous le recherchons, eft auffy a bon droit 3 nommé noftre fin.

le remarque, outre cela, que le mot volupté a efté

i5 pris en. autre fens par Epicure que par ceux qui ont difputé contre luy. Car tous fes aduerfaires ont ref- treint la fignification de ce mot aux plaifirs des fens; & luy, au contraire, l'a eftendùe a tous les conten- temens de l'efprit, comme on peut ayfement iuger

20 de ce que Seneque & | quelques autres ont efcrit de luy.

Or il y a eu trois principales opinions, entre les Philofophes payens, touchant le fouuerain bien & la fin de nos actions, a fçauoir : celle d'Epicure, qui a

25 dit que c'eftoit la volupté; celle de Zenon, qui a voulu que ce fuft la vertu; & celle d'Ariftote, qui l'a com- pofé de toutes les perfections, tant du cors que de l'efprit. Lefquelles j opinions peuuent, ce me femble,

9 nous deuons nous. — I4de volupté. — i5 vn autre, a. MS. : troit.

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