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CCCXCIII. — i) Juillet 1645. 255

gne\ des miens. Car l'exemple d'un homme comme moy, qui ne pajfe point pour un ignorant dans vôtre Philofophie, ne fervira qu'à confirmer plujieurs perfonnes qui ont déjà des fentimens fort différens des vôtres fur ces matières ; 5 & ils ne pourront me refufer la qualité d'homme d'hon- neur, voyant que mes engagemens paffe^ avec vous ne m'empêchent pas de m' éloigner de vos fentimens, lorf qu'ils ne font pas raifonnables.

Vous ne fere^ pas furpris de ma conduite, lorfque vous

ro fçaure^que beaucoup de gens d'efprit & d'honneur m'ont

fouvent témoigné qu'ils avoient trop bonne opinion de

l'excellence de vôtre efprit, pour croire que vous n'euf-

fie^pas, dans le fonds de lame, des fentimens contraires

à ceux qui paroiffent en public fous vôtre nom. Et pour

i5 ne vous en rien diffimuler, plufieurs fe perfuadent icy que vous ave^ beaucoup décrédité vôtre Philofophie, en pu- bliant vôtre Métaphyfique. Vous ne promettiez rien que de clair, de certain & d'évident; mais, à en juger par ces commencemens, ils prétendent qu'il n'y a rien que

ao d'obfcur & d'incertain, & les difputes que vous ave\ eues avec les habiles gens, à l'occafion de ces commencemens, ne fervent qu'à multiplier les doutes & les ténèbres. Il ejl inutile de leur alléguer que vos raifonnemens fe trouvent enfin tels que vous les ave%promis. Car ils vous répliquent

2 5 qu'il n'y a point d'enthoufiajle, point d'impie, point de bouffon, qui ne pût dire la mefme chofe defes extrava- gances & de fes folies. Encore une fois, je confentiray que l'on retranche de mon Ecrit ce qui peut vous y dé- plaire, fi vous le jnge\ à propos; mais, après tout, je ne

3o vois rien qui puiffe me faire honte, ou que je doive me repentir d'auoir écrit. Ainfi rien ne m'oblige à refufer

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