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CCCLXXVII. — 24 Mai 1645. 211

que i'oublie vue de vos maximes, qui ejî de ne mettre iamais rien par efcrit, qui pui/Je eftre mal interprété de leéleurs peu charitables. Mais ie me fie tant au foin de M. de Palotti, que ie fay que ma lettre vous fera bien rendue, & a votre difcretion, que vous l'oftere^, par le feu, du hasard de tomber en mauuaifes mains.

Page 209, I. 24. — Sir Kenelm Digby, exilé d'Angleterre après son em- prisonnement de 1642 (voir t. III, p. 582, 1. 26, et p. 590, 1. 19), vint à Paris en 1643 et y publia, en i644,deux ouvrages anglais, dont nous avons parlé t. III, p. 90, éclaircissement.

Dans les lettres MSS. à Mersenne, conservées à la Bibliothèque natio- nale, se trouvent deux lettres de Digby, relatives à ces ouvrages, et datées de 1640.

Voici la première (MS. fr. n. a. 6204, p. 3(>4 [i5o\) :

« ... I'ay esté tenu prisonier, dans un chasteau que i'ay à 3o lieues de » Londres, par une très dangereuse cheute que i'eus par le renuerscment » d'un carrosse ; durant lequel temps i'ay bien médité et disposé en mon » esprit tout le traitté de l'Immortalité de l'ame. Et il ne me manque qu'un » autre mois de loisir pour l'escrire, car alors ie ne me peus servir de la » main. I'espere que vous aurez du contentement a le voir; mais ie pre- » uois qu'il me procurera bien des contradicteurs : car, pour exactement » traitter cette affaire, il faut monstrer a l'œil comment toutes les opera- » tions se font entre les corps, et iusques ou elles peuuent arriuer, pour » ainsi s'acquiescer a accorder que quelques opérations que font quelques » bestes, qui semblent prouenir de raisonnement, ont origine de principes » corporels et matériels, et aussi, par là, déterminer les derniers limites » ausquels les agents matériels peuuent atteindre. Or, pour faire cecy, ie n seray obligé de donner quasi un corps entier de toute la Philosophie, » auquel ie combattray puissamment les nouuelles spéculations des modi, » et monstreray (si ie ne me trompe) que toute la doctrine des qualitez a » esté fort mal fondée et mal entendue, et n'est qu'une eschapatoire pour » l'ignorance de ceux qui prétendent n'ignorer rien. Apres cela, il me » faudra examiner toutes les opérations de l'ame dans le corps, pour » monstrer qu'il y en a quelques-unes qui ne peuuent prouenir d'un prin- » cipe matériel. Et de la ie viendray a trouuer la substance et les facultez » de l'ame; en quoy i'auray des considérations qui choqueront beaucoup » les vulgaires. Mais, après tout, ie me persuade que i'auray prouué fort n efficacement mon intention de l'Immortalité de l'ame. Aussitost que ic » I'auray fait, ie me mettray a l'autre point de l'Existence de Dieu, qui sera » plus court et beaucoup moins pénible. Mais toutes deux requerront » beaucoup de reflection aux lecteurs, pour les bien comprendre ; et après

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