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i, i5c,5i. CCCLXXII. — Avril 1645. 189

querois pas de répondre exactement aux queftions que vous m'auez fait l'honneur de me propofer. Et mefme, encore que ie craigne de n'auoir point affez d'efprit ny de connoiffance pour cet effet, l'abondance 5 du zèle ne laiffe pas de m'obliger à l'entreprendre. Mais, auec voftre permiffion, ie commenceray par la féconde difficulté, touchant la caufe du chaud & du froid dans les animaux ; pource qu'après l'auoir exa- minée, & en fuite la troifiéme & la quatrième, ie

10 pourray plus commodément parler de la première.

Il me femble que toute la chaleur des animaux confifte en ce qu'ils ont dans le cœur vne efpece de feu, qui eft fans lumière, femblable à celuy qui s'excite dans l'eau forte, lors qu'on met dedans affez grande

i5 quantité de poudre d'acier, & à celuy de toutes les fermentations. Ce feu eft entretenu par le fang, qui coule à tous moments dans le cœur, fuiuant la Cir- culation qu'Heruœus, Médecin Anglois,. a tres-heu- reufement découuerte ; & après que ce fang s'eft

20 échaufé & raréfié dans le cœur, il coule de là prom- tement, par les artères, en toutes les autres parties du corps, lefquelles il échaufe par ce moyen. Or on peut dire, en quelque fens, que cette chaleur eft plus grande l'efté que l'hyuer, pource que fa caufe n'eft

25 pas moindre dans le cœur, & que le fang, qui s'y échaufe, n'eft pas tant refroidy par l'air de dehors. Mais on peut dire auffi qu'elle eft plus grande en hy- uer, ce qui fait qu'on a pour lors meilleur appétit, & qu'on digère mieux les viandes. Et la raifon en eft

3o que les parties du fang qui ont le plus de chaleur, à fçauoir les plus fubtiles & les plus agitées, ne s'éua-

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