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REMARQUES

SUR

L’ORTHOGRAPHE DE DESCARTES

Descartes, si l’on s’en rapporte à ce qu’il dit lui-même en plusieurs endroits, se souciait médiocrement de l’orthographe. En mars 1636, comme il pensait à envoyer à Mersenne une copie de ses manuscrits, il l’avertit d’avance : « Seulement y a-t-il en cela de la difficulté que ma copie n’est pas mieux écrite que cette lettre, que l’ortographe ny les virgules n’y sont pas mieux observées… » Plus tard, comme on lui faisait des reproches sur l’orthographe de la Méthode et des Essais, publiés en 1637, il répond ainsi : « Pour l’ortographe c’est à l’imprimeur à la deffendre ; car ie n’ay en cela désiré de luy autre chose, sinon qu’il suiuist l’vsage. » Et dans la même lettre il ajoute, quelques lignes plus bas : « Au reste ie n’ay point dessein de reformer l’ortographe françoise… ; mais s’il faut icy que i’en die mon opinion, ie croy que si on suiuoit exactement la prononciation, cela apporteroit beaucoup plus de commodité aux estrangers pour apprendre nostre langue… » Et encore : « C’est en parlant qu’on compose les langues, plutost qu’en escriuant. »[1]

  1. Le P. Mersenne, dans son livre des Questions inouyes ou Recreations des sçavans (Paris, laques Villery, 1634), pose le même principe et en déduit quelques conséquences, Question XXVII, p. 117-120 : « Il