i, 47 6-477 LXXI. — Mars 161,7. j$j
Monfieur,
I'auoùe qu'il y a vn grand défaut dans l'écrit que vous auez vu, ainfi que vous le remarquez, & que ie n'y ay pas aflez étendu les raifons par lefquelles ie
5 penfe prouuer qu'il n'y a rien au monde qui foit de foy plus éuident & plus certain que l'exiftence de Dieu & de l'ame humaine, pour les rendre faciles à tout le monde. Mais ie n'ay ofé tafcher de le faire, d'autant qu'il m'euft fallu expliquer bien au long les plus fortes
10 raifons des fceptiques, pour faire voir qu'il n'y a au- cune chofe matérielle de l'exiftence de laquelle on foit afluré, & par mefme moyen accoutumer le lecteur à détacher fa penfée des choses fenfibles ; puis montrer que celuy qui doute ainfi de tout ce qui eft matériel,
i5 ne peut aucunement pour cela douter de fa propre exiftence; d'où il fuit que celuy-là, c'eft à dire l'ame, eft vn eftre, ou vne fubftance qui n'eft point du tout corporelle, & que fa nature n'eft que de penfer, & auffi qu'elle eft la première chofe qu'on puifle con-
20 noiftre certainement. Mefme en s'areftant affez long- tems fur cette méditation, on acquiert peu à peu vne connoiflance tres-claire, & fi i'ofe ainfi parler intui- tiue, de la | nature intellectuelle en gênerai, l'idée de laquelle, eftant confiderée fans limitation, eft celle qui
25 nous reprefente Dieu, & limitée, eft celle d'vn ange ou d'vne ame humaine. Or il n'eft pas poflible de bien entendre ce que i'ay dit après de l'exiftence de Dieu, fi ce n'eft qu'on commence par là, ainfi que i'ay aflez donné à entendre en la page 38. Mais i'ay eu peur que
3o cette entrée, qui euft femblé d'abord vouloir intro-
CORRESPONDANCE. I. 4$
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