Page:Desbordes-Valmore - Poésies inédites, 1860.djvu/72

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 62 —

Pour vous éclairer c’est Dieu qui vous appelle ;
Son nom dit le monde à l’enfant qui l’épèle,
Et c’est, sans mourir, une visite aux cieux.

« Ce nom, comme un feu, mûrira vos pensées,
Semblable au soleil qui mûrit les bleds d’or ;
Vous en formerez des gerbes enlacées
Pour les mettre un jour sous vos têtes lassées
Comme un faible oiseau qui chante et qui s’endort.

« N’ouvrez pas votre aile aux gloires défendues ;
De tous les lointains juge-t-on la couleur ?
Les voix sans écho sont les mieux entendues ;
Dieu tient dans sa main les clefs qu’on croit perdues ;
De tous les secrets lui seul sait la valeur.

« Quand vous respirez un parfum délectable,
Ne demandez pas d’où vient ce souffle pur.
Tout parfum descend de la divine table ;
L’abeille en arrive, artiste infatigable,
Et son miel choisi tombe aussi de l’azur.

« L’été, lorsqu’un fruit fond sous votre sourire,
Ne demandez pas : Ce doux fruit, qui l’a fait ?
Vous direz : C’est Dieu, Dieu par qui tout respire !